Intervention de l'armée autour du domicile de l'ex-président béninois

L'ancien président Boni Yayi à Paris, le 30 novembre 2015.

L'armée béninoise et la police ont délogé par des tirs d'armes automatiques les centaines de manifestants qui entouraient la résidence de l'ancien président Boni Yayi pour lui témoigner leur soutien, selon une source au sein de la résidence et une vidéo visionnée par l'AFP.

"Ils ont fait une incursion brutale", a témoigné un proche de l'ex-président Yayi, qui est actuellement dans sa résidence de Cotonou, la capitale économique. "Ils ont tiré des rafales de balles et tout le monde est parti", a expliqué ce proche à l'AFP.

Dans une vidéo vue par l'AFP, on voit clairement les militaires tirer à l'arme automatique sur les manifestants, dont certains sont à terre, sans que l'on puisse certifier qu'elles sont décédées.

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Depuis mercredi après-midi, des groupes de jeunes partisans de Boni Yayi s'étaient rassemblés autour de son domicile du quartier de Cadjehoun, affirmant que la police venait arrêter leur leader.

Policiers et militaires faisaient face à des jeunes manifestants qui ont dressé des barricades de pneus brûlés et se défendaient à coups de pierres et de cocktails Molotov.

Une femme a succombé à ses blessures dans la matinée de jeudi et un homme, blessé par balles était toujours soigné à l'hôpital.

"Les policiers et les militaires sont revenus, ont commencé à tirer, ils ont chassé les gens", confie à l'AFP un résident du quartier, dont la maison donne sur l'avenue. "Nous avons entendu des rafales, beaucoup de rafales, là je suis dans ma chambre, je me cache, c'est chaud".

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Mardi, les anciens présidents Boni Yayi (2006-2016) et Nicéphore Soglo (1991-1996) avaient lancé un ultimatum au chef de l'Etat, Patrice Talon, pour annuler les résultats des élections législatives de dimanche, marquée par près de 80% d'abstention et par une absence de l'opposition, qui n'avait pas été autorisée à présenter de candidats.

"Talon marchera sur nos corps" avant d'entériner le nouveau Parlement, avait averti Boni Yayi.

Candide Azannaï au domicile de Boni Yayi à Cotonou, Benin, le 1er mai 2019. (VOA/Ginette Fleure Adandé)

La Cour constitutionnelle a annoncé qu'elle proclamerait les résultats définitifs des élections à 16 heures (17 heures GMT), malgré les violences, et le ministre des Affaires étrangères a déclaré en début d'après-midi qu'il "n'y avait pas de crise politique au Bénin".

Patrice Talon, élu en avril 2016, est accusé d'avoir engagé un tournant autoritaire au Bénin, pays modèle de la démocratie en Afrique de l'Ouest.

Amnesty International et de nombreuses associations locales de la société civile béninoise ont dénoncé les coupures d'internet ainsi qu'un "niveau de répression alarmant" au Bénin.