Les deux candidats avaient annoncé début juillet qu'ils ne participeraient pas à ce débat, évoquant notamment des désaccords sur le format. Mais finalement, après modification, M. Odinga, principal candidat d'opposition, avait accepté d'y participer.
Le suspense était resté intact jusqu'à la dernière minute quand à la participation de M. Kenyatta.
M. Odinga a donc eu 90 minutes pour expliquer ses projets, attaquer le président et le gouvernement sortants, et défendre le travail accompli lorsqu'il était Premier ministre après les élections controversées de 2007 qui avaient abouti à un partage du pouvoir.
Ce numéro de soliste s'est déroulé alors que plusieurs sondages pré-électoraux prédisent un scrutin extrêmement serré.
"Vis à vis du pays, (Kenyatta) se devait de participer, de répondre de ses cinq années" à la présidence, estimait lors d'une analyse post-"débat" Miguna Miguna, un ancien conseiller de M. Odinga et candidat indépendant pour être gouverneur de Nairobi.
"Je pense que c'était une erreur monumentale. C'était un mauvais calcul, une incompréhension délibérée ou naïve de ce qu'être président signifie", a-t-il ajouté.
D'autres analystes jugeaient que cette absence donnait un coup de pouce à M. Odinga.
Mais un responsable de la campagne de Kenyatta a répliqué: "nous n'en voyons pas l'intérêt, c'est un débat qui n'affectera pas le scrutin du 8 août".
Le 8 août, quelque 19 millions d'électeurs sur une population d'environ 46 millions d'habitants, seront appelés à élire leurs président, gouverneurs, députés, sénateurs et membres des assemblées locales.
Les élections au Kenya se jouent rarement sur des programmes, beaucoup plus sur des sentiments d'appartenance ethnique et géographique.
La présidentielle du 8 août sera un remake de celle de 2013. M. Odinga, 72 ans, ex-Premier ministre (2008-2013) et trois fois candidat malheureux à la présidence (1997, 2007 et 2013), affronte le chef de l'Etat sortant, Uhuru Kenyatta.
Le scrutin s'annonce serré selon les récents sondages d'opinion. La température électorale dans le pays est montée d'un cran ces dernières semaines, marquées par des accusations acrimonieuses des deux camps.
Ces accusations croisées suscitent l'inquiétude de nombreux observateurs qui craignent qu'elles ne débouchent sur des troubles. Fin 2007-début 2008, le pays avait plongé pendant deux mois dans des violences électorales qui avaient fait plus de 1.100 morts, plusieurs centaines de milliers de déplacés et avaient traumatisé la population de ce pays réputé stable.
Avec AFP