L'opposition congolaise refuse des législatives sans "l'arrêt de la guerre dans le Pool"

Pasteur Frédéric Ntumi, ancien leader des ex-miliciens Ninja à Brazzaville, Congo

Les principaux mouvements de l'opposition congolaise ont déclaré samedi s'opposer à la tenue des élections législatives programmées pour le 16 juillet sans un "arrêt de la guerre dans le Pool", région voisine de Brazzaville replongée dans les violences après la présidentielle anticipée de mars 2016.

"Le Conseil fédéral refuse d'engager le peuple congolais dans une nouvelle forfaiture électorale et décide: pas d'élections (législatives et locales) au Congo sans l'arrêt de la guerre dans le Pool ; pas d'élections au Congo sans libération des prisonniers politiques'', a indiqué la Fédération, formée des trois principaux mouvements d'opposition, dans une déclaration.

La coalition est composée de l'Initiative pour la démocratie au Congo (IDC), le Front républicain pour le respect de l'ordre constitutionnel et l'alternance démocratique (Frocad) et la Composante Jean-Marie Michel Mokoko (Cj3m), du nom d'un ancien candidat à la présidentielle incarcéré depuis juin pour "atteinte à la sûreté intérieure de l'État".

"Nous empêcherons la tenue de ces élections par tous les moyens permis par la morale et la politique, autrement dit par l'éthique", a déclaré à l'AFP Charles Zacharie Bowao porte-parole de la Fédération, sans appeler à un boycottage.

"Les autorités nous font croire qu'il n'y a pas de crise dans le Pool, mais les faits (de cette crise) parlent d'eux-mêmes", a-t-il ajouté.

Théâtre de violents affrontements entre 1998 et 2003 ayant opposé l'armée et les milices Ninjas dirigées par le chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, le département du Pool est retombé dans la violence après la présidentielle du 20 mars 2016 remportée par le président Denis Sassou Nguesso (73 ans) dès le premier tour, mais contestée par l'opposition.

M. Sassou Nguesso cumule plus de 32 ans à la tête du Congo et a fait modifier la Constitution pour pouvoir se représenter l'an dernier.

Les autorités de Brazzaville accusent le pasteur Ntumi, qui est sous le coup d'un mandat d'arrêt, et ses ex-combattants, d'être responsables des troubles actuels.

Début mai, le gouvernement congolais avait exprimé son refus de dialoguer avec le pasteur tout en affirmant que l'ex-chef rebelle "serait vaincu".

La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) a dénoncé récemment "la répression à huis clos" en cours depuis un an dans le Pool, tirant "la sonnette d'alarme sur la tragédie des populations" qui se déroule dans "l'indifférence générale".

Avec AFP