La détention du principal opposant camerounais Maurice Kamto, arrêté fin janvier après des manifestations de ses partisans pour dénoncer les "fraudes" à la présidentielle d'octobre 2018, est "illégale", a dénoncé mercredi son avocat.
"L'arrestation (de M. Kamto) était illégale. Sa garde à vue l'est aussi", a affirmé à l'AFP l'avocat, Sylvain Souop, qui demande "que M. Kamto et tous les autres soient libérés".
Fin janvier, le préfet du département du Mfoundi, où se trouve la capitale Yaoundé, a signé une décision ordonnant une garde à vue administrative de M. Kamto, renouvelable 15 jours.
Aucune copie de cette décision n'a été notifiée à l'opposant, selon son avocat, pour qui cette absence de notification "est une violation de la loi".
De plus, estime Me Souop, une décision administrative ne se justifie pas dans une procédure pénale.
M. Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle d'octobre, loin derrière le président Paul Biya au pouvoir depuis 36 ans, conteste les résultats officiels, parlant de "hold-up électoral".
Il a été interpellé le 28 janvier dans la capitale économique Douala, puis transféré à Yaoundé.
Depuis, il est gardé à vue au Groupement spécial d'opérations (GSO), une unité d'élite de la police, où il dort sur "un matelas jeté à même le sol", cohabitant "avec des souris", selon Me Souop.
Sa dernière audition remonte à vendredi, l'opposant faisant l'objet d'une enquête pour huit infractions dont "rébellion" et "incitation à l'insurrection".
Le 26 janvier, des militants du parti de M. Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), avaient manifesté dans plusieurs villes camerounaises pour protester contre le "hold-up électoral" opéré selon eux lors de la présidentielle.
Ces manifestations avaient été réprimées par la police et au moins six manifestants avaient été blessés.
Selon le MRC, 200 personnes arrêtées après ces manifestations sont toujours détenues à Yaoundé.
"Est-ce que le fait de marcher peut vous valoir une détention?", s'est interrogé Me Souop. "Un jour, on va vous arrêter dans ce pays parce que vous avez respiré. C'est une dictature", a-t-il regretté.
Certaines personnes arrêtées, dont Alain Fogué, trésorier du parti, ont entamé une grève de la faim il y a une semaine.
Parmi les autres gardés à vue figure un jeune militant du MRC, Gaëtan Ngankam. Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux montre un policier lui tirer dessus avec ce qui semble être une balle en caoutchouc, avant de lui intimer l'ordre de se lever et de marcher.