Après les exactions enregistrées lors de la même opération à Brazzaville, les autorités des deux Congo s'étaient retrouvées pour calmer les tensions.
Antoine Boyamba, le vice-ministre des Congolais de l'étranger s'étonne que l'opération reprenne sans que Brazzaville en ait informé Kinshasa.
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Par ailleurs, une organisation de défense des droits de l'Homme à Kinshasa a fait part mardi de ses "vives préoccupations" face au lancement d'une nouvelle opération de police contre les étrangers en situation irrégulière au Congo-Brazzaville.
La Voix des sans-voix pour les droits de l'Homme (VSV) exprime dans un communiqué "ses vives préoccupations relatives à la reprise de la traque et d'expulsions massives [...] des ressortissants" de la République démocratique du Congo ou d'autres pays africains installés dans le sud du Congo voisin.
Les autorités de Brazzaville ont lancé jeudi à Pointe-Noire, capitale économique du Congo, l'opération policière "Mbata ya bakolo" ("La gifle des aînés" en lingala) destinée à lutter contre l'immigration clandestine.
Selon l'Église catholique congolaise et une ONG locale, cette opération s'est traduite par une véritable "chasse à l'homme" émaillée de nombreuses violations des droits de l'Homme.
Lors d'une conférence de presse tenue mardi, le porte-parole de la police de Pointe-Noire, Jules Monkala Tchoumou, a qualifié de "fantaisistes" ces accusations "sur les violations et autres bavures".
M. Monkala a ajouté que l'opération s'était jusque-là traduite par l'interpellation de "1.150 personnes de toutes nationalités dont 642 ressortissants de la RDC"
"Nous sommes en train de reconduire tous ceux qui n'ont pas de papiers à leurs frontières", a-t-il ajouté.
Selon la VSV, plus de 200 ressortissants de la RDC sont arrivés ainsi lundi et mardi à Kinshasa. Emmenés en train jusqu'à Brazzaville, ils ont ensuite été embarqués dans des canots rapides par petits groupes pour traverser le fleuve Congo, écrit l'ONG.
La première phase de l'opération "Mbata ya bakolo" avait été lancée en avril 2014 à Brazzaville et a contribué à tendre considérablement les relations entre le Congo et la République démocratique du Congo voisine.
En quelques semaines, sous couvert de traquer les clandestins accusés de crimes ou délits, les autorités brazzavilloises avaient alors expulsé ou poussé au départ près de 250.000 ressortissants de RDC. Selon l'ONU, de nombreuses violations graves des droits de l'Homme ont été commises pendant ces retours forcés.
La VSV demande au gouvernement de prendre des mesures pour accueillir et héberger les personnes refoulées par les autorités de Brazzaville et à la communauté internationale d'"interpeller le plus tôt possible" ces dernières pour que les expulsions aient lieu "dans des conditions respectueuses de la dignité humaine".