Au Nigeria - première puissance pétrolière du continent africain peuplée de plus de 180 millions d'habitants -, les électeurs sont appelés aux urnes le 16 février.
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Ils devront choisir leur président parmi 78 candidats mais le véritable duel opposera le président sortant, candidat du Congrès des Progressistes (APC) et le chef de file de l'opposition (Parti populaire Démocratique, PDP).
Il y a quelques mois encore, l'ancien général Buhari, 75 ans, était quasiment assuré d'une victoire face à une opposition divisée mais son parti a subi de nombreux revers et des défections en série.
Atiku Abubakar, ancien vice-président (1999-2007), âgé de 71 ans est un homme politique bien connu des Nigérians, et sa réputation d'homme à l'immense richesse a été ternie par des accusations de corruption ou des scandales liés à des conflits d'intérêts, mais aucun de ses détracteurs n'a réussi à le faire comparaître en justice.
En quelques semaines, il a toutefois réussi à rassembler des déçus de la présidence de M. Buhari, dont l'image a souffert du ralentissement de l'économie tout comme de graves problèmes sécuritaires dans le pays.
Les deux candidats s'affrontent sur des axes volontairement différents.
M. Abubakar entend miser sur son succès en tant qu'homme d'affaires et investisseur, pour "remettre le Nigeria au travail", alors que M. Buhari a placé la lutte contre la corruption au coeur de son discours électoral.
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Beaucoup de nigérians doutent de la capacité du président sortant de tenir ses nouvelles promesses.
"Nous avons un président actuel qui nous a ramené dans la récession ces trois dernières années", pense Olwoddr Hachim. "Il a mis notre capitale dans la pauvreté, donc la question maintenant est de savoir si cette personnalité a la capacité de nous faire avancer."
Sur sa page Facebook, le candidat du principal parti d’opposition Atiku Abubakar a lancé sa campagne et promet la création de 3 millions d’emplois chaque année et de sortir quelque 50 millions de Nigérians de la pauvreté.
Mais il y a une question fondamentale qui vient souvent soulevées par les électeurs. "Comment vous allez le faire?", demande Olwoddr Hachim.
"Le gouvernement actuel avait fait les mêmes promesses", rappelle-t-il. "Ils avaient promis de donner 5.000 Naira aux millions de Nigérians, ils avaient aussi promis la création de millions d’emplois, mais pourquoi cela n’a pas marché ?" se demande-t-il.
Plus de 80 millions d’électeurs Nigérians sont appelés aux urnes en février pour élire le président de ce géant de l’Afrique avec 200 millions d’habitants.
Les Nigérians devront choisir un homme qui pourra permettre au Nigeria de garder son rang de première puissance en Afrique mais aussi d’améliorer sa situation sécuritaire, comme le reconnaît Emmanuel Onwobigo, un activiste de droits humains.
La sécurité est aussi un grand problème", souligne-t-il. "Beaucoup de Nigérians sont en train de quitter le pays pour éviter d’être tués ou de se faire enlever".
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TV nationale versus Facebook
A la télévision nationale, M. Buhari a affirmé avoir tenu ses promesses en termes de sécurité, d'économie et de lutte contre la corruption depuis son élection en 2015.
"Le Nigeria, plus que jamais, a besoin d'un gouvernement stable, tourné vers le peuple", a-t-il asséné.
"Nous sommes déterminés à approfondir le travail que nous avons entamé" pour "que les ressources du pays continuent à bénéficier à la société", a déclaré M. Buhari, dénonçant la corruption comme une "menace existentielle".
Dès son arrivée au pouvoir en 2015, il s'était engagé à récupérer les "sommes astronomiques" d'argent public volé sous les administrations précédentes.
La semaine dernière, le directeur de l'agence anti-corruption (EFCC), Ibrahim Magu, s'est félicité d'avoir saisi l'équivalent de 2,3 milliards de dollars, ainsi que des "villas, stations essences, bijoux, voitures, terrains..."
Toutefois, ces saisies se déroulent souvent hors de toute procédure judiciaire, les opposants de M. Buhari l'accusant de ne cibler que des opposants politiques.
Dans son programme dévoilé dimanche, le président Buhari souhaite, comme il y a quatre ans, mettre l'accent sur la création d'emplois et la diversification de l’économie pour être moins dépendant du pétrole et renforcer le système d'éducation.
Sur ces points, il y a urgence : environ 60% de la population a moins de 30 ans et le pays devrait devenir le troisième pays le plus peuplé du monde d'ici 2050, derrière l'Inde et la Chine.
De son côté, le candidat du PDP a lancé officiellement son programme dans une video en direct diffusée sur Facebook et Twitter, un "choix stratégique" selon son équipe de communication, pour s'adresser directement aux jeunes électeurs.
Le président Buhari avait fait polémique il y a quelques mois, déclarant que la jeunesse nigériane était "paresseuse". Dans une réponse à peine déguisée, Abubakar estime qu'elle est "la richesse la plus précieuse du pays".
Dans un programme de 63 pages largement diffusé sur les réseaux sociaux, il promet notamment mettre en place des programmes de formation professionnelle, de porter le secteur industriel à 30% du PIB d'ici 2015 (contre 9% actuellement), et assure pouvoir sortir "50 millions de personnes de l'extrême pauvreté d'ici deux ans".
En donnant le coup d'envoi de la campagne, Buhari a exhorté tous les candidats et leurs partisans à "ne pas enflammer le pays à cause de la politique", alors que les élections au Nigeria ont souvent provoqué de nombreuses violences.
Ce week-end, vingt-quatre pays -dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne- se sont dits "gravement préoccupés" par l'achat de voix, l'intimidation à l'encontre des électeurs dans les récentes élections locales, appelant à la tenue "d'élections libres, équitables, transparentes et pacifiques".