Le chanteur et militant Pilato placé en détention en Zambie

Le musicien zambien Chama Fumbe, populairement connu sous le nom de Pilato, quitte la cour des magistrats à Lusaka, le 24 juin 2015.

La justice zambienne a ordonné la mise en détention du chanteur populaire et controversé Chama Fumba, arrêté mercredi à son retour dans son pays qu'il avait fui, craignant pour sa vie.

Chama Fumba, plus connu sous le nom de Pilato, avait été arrêté par des policiers en civil à son arrivée en provenance d'Afrique du Sud, après quatre mois passés à l'étranger.

Il avait fui la Zambie après avoir reçu des menaces de partisans du Front patriotique, le parti au pouvoir, à propos de sa chanson "Koswe Mumpoto" ("Un rat dans le plat"). Beaucoup de gens ont vu dans cette chanson des accusations de corruption contre le président Edgar Lungu et ses ministres.

Un mandat d'arrêt avait été délivré le mois dernier dans une autre affaire contre Pilato qui, étant à l'étranger, ne s'était pas présenté au tribunal où il aurait dû comparaître.

Pilato, ainsi que cinq autres militants, étaient attendus au tribunal pour avoir dénoncé l'an dernier l'achat de 42 véhicules de pompiers au prix d'un million de dollars chacun, un exemple de corruption, selon les critiques.

Accusés d'avoir manifesté illégalement aux abord du parlement, ils ont tous plaidé non coupables lorsqu'ils ont comparu devant un magistrat jeudi.

Le magistrat Mwaka Mikalile a ordonné jeudi que seul Pilato soit détenu jusqu'au 21 mai pour ne pas s'être présenté devant la justice précédemment.

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L'avocat du chanteur, Keith Mweemba, a déclaré à la cour que Pilato n'allait pas s'échapper et avait fui la Zambie à cause de menaces sur sa vie.

Pilato a présenté des preuves à la cour, y compris un CD dans lequel des partisans du PF promettent de s'en prendre à lui.

A la fin de l'audience de jeudi, le chanteur a serré ses cinq coaccusés dans ses bras avant d'être emmené dans une cellule dans les locaux de la cour.

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L'une des militants qui comparaissait également, Laura Miti, a assuré que la lutte anticorruption se poursuivrait "malgré cette arrestation". "Tous les deux jours, il y a de nouvelles révélations de corruption", a-t-elle dit à la presse. "Nous venons juste d'apprendre que le président est en train d'acquérir des terres au Swaziland, et donc nous continuons à demander des comptes".

Selon des médiaux locaux en Zambie et au Swaziland, le président Lungu a l'intention de faire construire un manoir de 3,9 millions de dollars (3,3 millions d'euros) au Swaziland.

Avec AFP