"L'Assemblée nationale vient d'accéder à notre demande (d'enquêter sur un élu, ndlr). La nature des faits et la gravité des indices entourant le député national Clément Kanku justifient l'exercice de l'action publique", a déclaré à la télévision publique le procureur général de la République Flory Kabange Numbi, sans préciser si l'élu de l'opposition avait perdu son immunité parlementaire.
Faisant référence aux violences qui ont fait plus de 3.000 morts au Kasaï, selon l'Eglise catholique, et 1,3 million de déplacés en moins d'un an, M. Kabange a expliqué qu'"il s'agit d'une démarche en vue d'identifier avec précision les donneurs d'ordre, les commanditaires afin qu'ils subissent la rigueur de la loi".
"Le Parquet général de la République s'active à rechercher les éventuels tireurs de ficelles dans cette grave et sinistre affaire", a-t-il dit.
Depuis septembre 2016, les quatre provinces du Kasai sont secouées par des violences impliquant miliciens anti-gouvernementaux, soldats et policiers, après la mort du chef traditionnel Kamwina Nsapu qui défiait le pouvoir de Kinshasa,
Le député Kanku risque d'être inculpé pour "participation à un mouvement insurrectionnel", avait prévenu M. Kabange il y a plus d'un mois.
L'élu est mis en cause dans l'enregistrement d'une conversation téléphonique partagé depuis janvier sur les réseaux sociaux dans lequel un présumé membre des milices Kamwina Nsapu lui rendait compte des actes de violences commises par les rebelles à Tshimbulu, dans le Kasaï-central, notamment l'assassinat d'un colonel et de ses gardes.
Deux experts de l'ONU, l'Américain Michael Sharp et la Suédo-Chilienne Zaida Catalan, missionnés au Kasaï par le secrétaire général des Nations unies pour enquêter sur ces violences, y ont été enlevés et assassinés en mars.
Le 27 mai, le quotidien américain New York Times avait révélé que Zaida Catalan détenait l'enregistrement sonore de M. Kanku en conversation téléphonique avec l'un des présumés auteurs de massacres au Kasaï.
M. Kanku a été ministre du gouvernement congolais du 20 décembre 2016 - jour de la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel du président Joseph Kabila - au 9 mai 2017, dans le cadre d'un accord politique signé en octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l'opposition. Il n'a pas été reconduit dans un nouveau gouvernement formé après le 9 mai.
Avec AFP