Les Camerounais critiquent les marches de la diaspora contre Biya

Quelques membres de la diaspora camerounaise manifestent à Paris, France, le 1er février 2019. (VOA)

Au Cameroun, les marches organisées par la diaspora camerounaise en Occident contre "la victoire du président Paul Biya à l’élection présidentielle", sont de plus en plus critiquées par l’opinion publique.

Le 26 janvier, des manifestants se réclamant de "la brigade anti-sardinards", un mouvement qui, selon le gouvernement, soutient l’opposant Maurice Kamto, ont été accusés d'avoir saccagé les locaux des ambassades du Cameroun à Paris et à Berlin.

Ce week-end encore, une centaine de Camerounais ont manifesté contre le régime du président Paul Biya, à Washington DC, Londres et Paris.

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Marches organisées par la diaspora camerounaise en Occident

Ces manifestations ont eu pour point de chute le siège des représentations diplomatiques du Cameroun aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et en France.

A Yaoundé, l’opportunité de ces marches à l’appel de la "brigade anti-sardinards", ne fait pas l’unanimité.

"La réaction par rapport à la dénonciation de ce que cette brigade appelle le hold-up électoral se comprend. L’idée derrière est certainement de marquer les consciences afin que de telles situations ne se pérennisent plus", souligne un Sénégalais interrogé au Cameroun.

"Même si on n’est pas d’accord sur certaines choses, ce n’est pas la meilleure façon de réagir", explique un autre citoyen.

"En tant que jeune citoyenne camerounaise, je pense que c’est un désordre et ça fait honte à la nation camerounaise", souligne une autre interlocutrice.​

Les Camerounais de la capitale politique s’insurgent surtout contre les auteurs présumés des actes de vandalisme dans les ambassades du Cameroun en Allemagne et en France, le 26 janvier.

"Paul Biya ou le RDPC n’a rien à voir avec l’ambassade du Cameroun en tant qu’entité diplomatique qui représente le territoire camerounais, donc ils sont allés un peu très loin dans leurs réactions".

En réplique aux auteurs présumés des actes de vandalisme, le "Collectif 300 + diaspora", un mouvement de la société civile, pro-régime, avait prévu une marche à Yaoundé pour le 1er février.

Les autorités l’ont finalement annulée, mais les initiateurs gardent une dent contre les casseurs des ambassades du Cameroun à Berlin et à Paris.

Serges Onguene du "Collectif 300 +diaspora", un mouvement qui s’insurge contre les marches de la diaspora, à Yaoundé, le 1er février 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Serges Onguene fait partie du "Collectif 300 + diaspora". "Ce qu’ils ont fait est inadmissible, inacceptable, intolérable. Le Cameroun n’appartient pas à une clique, soit un parti politique, notamment le MRC, avec un bras armé qui s’appelle la brigade anti-sardinards. Le reste des Camerounais va devoir les défier dans ce projet de déstabilisation du Cameroun porté par un opposant mais qui n’est pas président de la République", affirme M. Onguene.

Selon les termes d’un communiqué rendu public par le gouvernement camerounais, "ce sont les militants du MRC qui ont pris d’assaut les ambassades, détruits les symboles de l’Etat, et les effigies du président de la république".

Accusation non fondée, affirme Me Sylvain Souop, avocat de Maurice Kamto, président du MRC : "C’était une marche pacifique, et ceux qui ont pris sur eux d’aller faire ce qu’ils ont fait en foulant au pied l’honneur du Cameroun dans les représentations diplomatiques, ce ne sont pas, d’après ce que j’ai pu comprendre du professeur Kamto, les militants du MRC ou les sympathisants du MRC. Il a dit qu’il ne les connaît pas du tout".

A gauche Gilles Thibault, l’ambassadeur de France au Cameroun, convoqué par le ministre camerounais des Relations extérieures, à Yaoundé, le 1er février 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Les incidents consécutifs aux marches des Camerounais de la diaspora en Occident ont valu la convocation des ambassadeurs de France et d’Allemagne au Cameroun par le gouvernement.

Yaoundé leur a transmis ses vives protestations contre "l'’absence d’une protection adéquate autour de ses ambassades", lors des manifestations de la brigade anti-sardinards.