Les Guinéens convoqués le 4 février pour des élections locales très attendues

Une Guinéenne vote dans un bureau à Conakry, le 28 septembre 2013.

Le président guinéen Alpha Condé a convoqué pour le 4 février 2018 des élections locales très attendues, qui n'ont plus eu lieu depuis 2005, alors que le pays est confronté à une grève dans l'éducation qui pourrait s'étendre à d'autres secteurs.

Le chef de l'Etat, ancien opposant élu président en 2010, a signé un décret, rendu public lundi soir, "portant convocation du corps électoral", avalisant le calendrier proposé fin septembre par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

Cette date, annoncée par la Ceni après plusieurs reports du scrutin depuis douze ans et des manifestations meurtrières des opposants réclamant sa tenue, avait été bien accueillie par l'opposition.

Des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté en septembre à Conakry pour exiger l'organisation de ce scrutin.

Les élections à cet échelon auraient dû se tenir en février en vertu d'un accord conclu en octobre 2016 dans le cadre du dialogue politique national entre le pouvoir, l'opposition, la société civile et les partenaires internationaux de la Guinée.

Mais depuis lors, les discussions sur le calendrier avaient à chaque fois achoppé.

Les électeurs guinéens sont finalement invités à voter le 4 février dans les 342 communes du pays, selon le décret signé par le chef de l'Etat.

La Guinée, ex-colonie française d'Afrique de l'Ouest qui était dirigée jusqu'à l'arrivée d'Alpha Condé par des pouvoirs autoritaires, voire dictatoriaux, est confrontée depuis la mi-novembre à une grève des enseignants, qui réclament des augmentations de salaire.

Deux adolescents de 15 et 17 ans ont été tués en novembre par balles lors d'affrontements avec les forces de l'ordre en marge de manifestations de lycéens et collégiens.

Après ces violences, le président a menacé de fermeture les médias qui relaieraient les mots d'ordre du chef des grévistes, Aboubacar Soumah, provoquant une journée "ondes mortes" d'une quarantaine de radios privées pour dénoncer les "atteintes" à la liberté de la presse.

Sept centrales syndicales ont apporté dimanche leur soutien aux syndicalistes de l'éducation en grève et menacé de déclencher une "grève générale et illimitée" sur l'ensemble du pays si ces enseignants étaient sanctionnés.

Malgré la richesse de son sous-sol en bauxite, or, diamant et minerai de fer, plus de la moitié de la population de Guinée vit sous le seuil de pauvreté, avec moins d'un euro par jour, selon l'ONU.

Avec AFP