Né à Caracas et âgé de 67 ans, docteur en sciences politiques, Arturo Soca devient le 36ème "supérieur général" de la longue histoire de l'ordre fondé en 1540 par Ignace de Loyola, ont annoncé les jésuites dans un communiqué.
Le nouveau "pape noir" - le surnom donné au supérieur général en raison de la couleur de son habit ecclésiastique et du pouvoir occulte que l'histoire lui a longtemps prêté à l'ombre du pontife - remplace l'Espagnol Adolfo Nicolas, qui a démissionné à 80 ans.
C'est la première fois en près de cinq siècles d'histoire des jésuites que leur supérieur général n'est pas européen, a relevé l'Osservatore Romano, le journal du Vatican.
"Et le pape blanc et le pape noir sont d'Amérique latine", a tweeté le cardinal sud-africain Wilfrid Fox Napier, lui-même franciscain.
A l'image de l'Eglise catholique dans son ensemble, les jésuites sont en perte de vitesse en Europe et recrutent désormais majoritairement en Asie, en Amérique latine et en Afrique.
Un total de 215 responsables jésuites de 62 pays étaient chargés d'élir leur nouveau chef au siège mondial de la Compagnie de Jésus, tout près de la place Saint-Pierre à Rome.
La dernière assemblée plénière remontant à 2008, les participants arrivés fin septembre ne se connaissaient pas forcément en arrivant et la règle instaurée par Ignace de Loyola, qui redoutait toute forme d'ambition, interdisait de se porter candidat et de faire campagne.
Pour choisir leur chef, les délégués jésuites ont passé ces quatre derniers jours dans les "mumuratio", mot latin signifiant des petits conciliabules exclusivement à deux afin d'éviter l'effet pernicieux d'éventuels groupes de pression.
A l'issue de ces quatre jours de prières et de chuchotements, il ont procédé vendredi matin à un vote à bulletin secret pour désigner leur nouveau supérieur général, élu théoriquement à vie même si ses récents prédécesseurs ont démissionné quand ils ne se sont plus sentis en forme.
La Compagnie de Jésus, l'un des principaux ordres religieux masculins catholiques, compte aujourd'hui 16.740 membres (prêtres, frères laïcs, séminaristes et novices), un chiffre en forte chute depuis 50 ans.
Les jésuites ajoutent aux traditionnels voeux de pauvreté, chasteté et obéissance un quatrième voeu d'obéissance inconditionnelle au pape. Cela ne les a pas empêchés d'avoir des relations compliquées avec la papauté à travers les siècles.
Avec AFP