Les policiers réfutent la pratique de la torture systématique à Brazzaville

Lieutenant-colonel Bahizaha parle de la fin des pratiques de torture dans les commissariats à Brazzaville, le 22 mars 2018. (VOA/Ngouela Ngoussou)

Les organisations des droits de l’homme continuent de publier des rapports sur la pratique de la torture dans les centres de détention au Congo-Brazzaville. La police affirme que la torture n’est pas systématique dans les prisons congolaises.

La pratique de la torture reste encore une réalité dans les lieux de détention du Congo. Récemment, c’est un responsable du syndicat d’étudiants, Nelson Apanga qui a été torturé et peine à se remettre. A la cité, on compte de nombreuses victimes. Le cas de ce jeune d’à peine 14 ans qui parle de ses tortionnaires.

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Reportage de Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville pour VOA Afrique

"Ils m’ont tabassé comme un voleur avec des bâtons, et m’ont jeté dans une marre d’eau pour nager. Et puis une femme est venue me faire avaler tout un pot de piment, avant qu’un monsieur ne viennent avec du plastique. Il l’a brûlé et me l’a coulé sur le dos, jusqu’à la tête", témoigne-t-il.

A environ 50 ans, cet homme vivra désormais avec les impacts de la torture, à Brazzaville, le 22 mars 2018. (VOA/Ngouela Ngoussou)

Une autre victime, 50 ans environ, raconte comment ses tortionnaires l’ont torturé dans un commissariat de Brazzaville.

"Ils ont demandé au chef de poste de me sortir dans la cour du commissariat. J'étais menotté et ils m’ont suspendu sur une barre de fer au niveau de genoux regardant le soleil. La douleur a duré plus d’une heure et le sang coulait de mes poignets", affirme-t-il, présentant à VOA Afrique ses mains détruites pendant cette torture.

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Mais la police estime que ces pratiques sont systématiquement sanctionnées. Plusieurs policiers ont été radiés des rangs pour ces motifs, soutiennent les officiers de police.

"Si certaines pratiques étaient tolérées hier, ce ne serait plus le cas aujourd’hui. La direction de la police dont j’appartiens organise des formations pour élever le niveau professionnel des policiers", indique le lieutenant-colonel Bahizaha de l’Ordre public à Brazzaville.

Commandant Pierre Rodrigue Mavoungou du commissariat de Doujé, à Brazzaville, le 22 mars 2018. (VOA/Ngouela Ngoussou)

"On n’a pas besoin de violence pour une personne qui défère tranquillement à l’invitation de la police. Souvent nous sommes critiqués lorsqu’on interpelle. Mais c’est à cause de cette résistance. Le travail que nous faisons est noble, mais ingrat", ajoute le commandant de police Pierre Rodrigue Mavoungou du commissariat de Djoué.

Les ONG locales continuent de se plaindre du fait que ces dossiers n’aboutissent pas à la justice. Monica Ngangula est la responsable juridique de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH).

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Monica Ngangula, responsable juridique à l'OCDH, à Brazzaville, le 22 mars 2018. (VOA/Ngouela Ngoussou)

"Les cas sont cités, les certificats médicaux et les photos sont produits comme preuves, mais les auteurs qui sont des policiers refusent de se présenter à la justice. Sur 10 affaires, à peine une arrive à la Cour suprême, là aussi seulement pour lever l’immunité du policier tortionnaire", déplore-t-elle.

Pour Loamba Moke, président de l’Association pour les droits de l’homme et l’univers carcéral (ADHUC) et auteur en 2017 d’un rapport sur la torture au Congo, "malgré la première rencontre avec le directeur général de la police, la torture se poursuit. Il n’y a plus eu d’autres rencontres sur cette thématique qui bat son record au Congo".

Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville