Son parti La République en marche arrivait largement en tête du premier tour avec 32,2 à 32,9% des voix, devant la droite (20,9 à 21,5%) et le Front National (extrême droite) largement distancé (13,1 à 14%), selon les estimations à 20h00 (18H00 GMT) des instituts de sondage. Les projection pour le second tour lui accordaient 390 à 445 sièges sur 577.
Un score retentissant pour ce mouvement qui n'existait pas il y a encore un an, et qui s'accompagne d'un net recul des partis traditionnels de gauche et de droite se partageant le pouvoir en France depuis 60 ans.
La droite, qui espérait en début de campagne priver le président Macron de majorité, terminerait avec 80 à 132 élus. A gauche, le Parti socialiste du président sortant François Hollande, qui contrôlait la moitié de l'Assemblée sortante, s'effondrerait autour de 15 à 40 sièges, enregistrant une débâcle historique.
Camouflet également pour le parti d'extrême droite Front national, dont la patronne Marine Le Pen s'était hissée il y a un mois au second tour de la présidentielle contre Emmanuel Macron: il obtiendrait seulement 1 à 10 sièges. Ce chiffre n'est pas suffisant pour constituer un groupe parlementaire comme en 2012, quand le FN avait obtenu 2 sièges avec un score de 13 à 14%.
La gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise), obtiendrait, elle, 10 à 23 fauteuils, communistes inclus.
Abstention record
Ces élections n'ont en revanche pas réussi à mobiliser les Français. Pour la première fois depuis près de 60 ans, l'abstention dépasserait la barre des 50% au premier tour des législatives.
"Les électeurs ont le sentiment que les jeux sont faits après la présidentielle, et se disent 'à quoi bon aller voter'", selon Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'institut de sondage Ifop.
Un désintérêt qui a pu être amplifié cette année par le triomphe d'Emmanuel Macron, élu le 7 mai avec 66,1% des voix face à Marine Le Pen.
Si Emmanuel Macron obtenait, conformément aux projections, la majorité absolue malgré des candidats souvent sans notoriété ni expérience politique, "ce serait un exploit politique total. Cela signifierait, en tout cas pour quelque temps, la destruction des partis traditionnels", analysait Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel.
Soif de renouvellement
La déferlante en vue du camp de M. Macron viendrait confirmer la soif de renouvellement politique des Français, qui ont éliminé les ténors des partis traditionnels et élu président un homme de 39 ans encore inconnu de tous il y a quelques années.
Sa volonté de briser les lignes politiques traditionnelle l'a conduit à former un gouvernement mêlant personnalités de droite, de gauche et de la société civile.
Parmi les 530 candidats investis par La République en Marche, la moitié sont des citoyens jamais élus et originaires d'horizons variés : torera, mathématicien, pilote de chasse, etc.
Leur manque de notoriété ou d'expérience ne les empêche pas d'avoir le vent en poupe, portés par la popularité du nouveau chef de l'Etat français, qui connaît un indéniable état de grâce en ce début de quinquennat.
Emmanuel Macron a besoin d'une solide majorité pour asseoir sa politique de réformes sociales-libérales : moralisation d'une vie politique minée par les affaires, assouplissement du droit du travail - au risque de s'attirer les foudres des syndicats - ou encore réduction des déficits publics, pour se conformer aux règles européennes.
Quelque 7.877 candidats, dont un peu plus de 42% sont des femmes, se disputent 577 sièges. Le renouvellement est assuré avec près de 40% des députés sortants qui ne se représentent pas, après l'entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats.
Avec AFP