"J'ai pu le voir hier. Son état de santé est vraiment critique", a déclaré à l'AFP Mme Aline Engbe, ajoutant que son mari souffrait de "pertes de mémoire".
M. Kyaviro a été écroué "à la prison de Makala après son transfert au parquet général de (Kinshasa) par l'Agence nationale de renseignement (ANR) le jeudi 16 avril 2015 après 86 jours de privation de liberté", écrit Georges Kapiamba, son avocat, dans un communiqué.
Il a été inculpé "d'atteinte à la sûreté intérieure de l'État, d'incitation à la désobéissance civile et (à) la rébellion", ajoute M. Kapiamba dans ce texte publié au nom de l'Association congolaise pour l'accès à la justice (ACAJ), ONG de défense des droits de l'homme dont il est président.
Chef d'un petit parti d'opposition, le RCD/K-ML, M. Kyaviro a été arrêté le 22 janvier à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu (est), pendant les troubles provoqués dans plusieurs villes du pays par la nouvelle loi électorale, et transféré le lendemain à Kinshasa.
Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées pendant ces violences, essentiellement à Kinshasa. M. Kyaviro a été accusé d'avoir été l'un des instigateurs des manifestations à Goma contre ce qui n'était alors qu'un projet de loi.
Depuis janvier, plusieurs ONG et partis d'opposition ont dénoncé la traduction en justice d'opposants, défenseurs des droits de l'homme ou militants de la société civile, ou leur détention prolongée sans déferrement devant la justice. Le gouvernement reproche de son côté à l'opposition de se croire au-dessus des lois.
Interrogé par l'AFP, le chef du Bureau conjoint de l'ONU pour les droits de l'homme en RDC, José Maria Aranaz, a indiqué que le nom de M. Kapiamba figurait sur une liste d'au moins "cinq personnes" arrêtées depuis janvier et que les Nations unies demandent à l'ANR de transférer à la justice.
Le climat politique se crispe en RDC depuis plusieurs mois autour de la question des élections à venir : une série de scrutins devant commencer en octobre et mener à la présidentielle et aux législatives programmées pour novembre 2016. L'opposition soupçonne le pouvoir de chercher à reporter ces deux derniers scrutins afin de permettre au président Joseph Kabila de se maintenir à son poste au-delà du terme de son mandat.
M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter.
Avec AFP