"Nous avons été particulièrement occupés aujourd'hui", a déclaré lundi soir à l'AFP un porte-parole des gardes-côtes italiens, qui refusent toujours après chaque grosse journée de parler de record.
Mais selon lui, les conditions météo sont réunies pour une nouvelle affluence mardi.
Les départs de migrants depuis la Libye se font en effet par vagues successives, avec une concentration d'opérations lorsque la mer est calme et qu'un vent du sud pousse les embarcations de fortune vers les eaux internationales.
Le phénomène s'est accentué cette année : les gardes-côtes ont dépassé plusieurs fois le seuil de 30 opérations de secours coordonnées en une journée, alors qu'ils ne l'avaient jamais franchi auparavant.
''Plus de 90 pourcent de ceux qui sont secourus en mer Méditerranée sont partis de la Libye. A cause de la situation politique qu’on connaît et du chaos auxquels elle fait face, la Libye est devenue une véritable passoire", a confié à VOA Afrique Florence Kim, porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Your browser doesn’t support HTML5
''Tant que les raisons principales de départ des gens dans leur pays d’origine ne sont pas résolues, effectivement il n’y a pas de raison de penser que les flux vont baisser. En revanche, il n’y a pas non plus de raison de penser que cela va augmenter", a encore indiqué Florence Kim dans un entretien téléphonique depuis Genève en Suisse.
Et les journées chargées se sont parfois enchaînées : plus de 13.000 personnes secourues en moins d'une semaine fin mai, 8.300 en cinq jours début août.
Lundi, les navires des gardes-côtes et de la marine italienne, de l'opération européenne anti-passeurs Sophia, de l'agence européenne Frontex, de la marine irlandaise et d'organisations humanitaires sont intervenus auprès de 40 embarcations de fortune.
L'organisation catalane Proactiva Open Arms a diffusé sur son compte Twitter des images impressionnantes de migrants entassés à 700 sur un bateau de pêche, dont certains se sont jetés à la mer après avoir reçu un gilet de sauvetage pour tenter de rejoindre les secours.
- Tirs sur MSF -
Médecins sans Frontières (MSF) a annoncé sur son compte Twitter que son navire humanitaire Dignity avait participé avec Proactiva Open Arms au secours de la barque de pêche et de 15 canots pneumatiques.
Parmi ces migrants se trouvaient de nombreux bébés et enfants, dont un nouveau-né de cinq jours qui a dû être évacué par hélicoptère vers un hôpital italien, a précisé MSF.
Dimanche, plus de 1.100 migrants avaient déjà été secourus dans la même zone, selon le bilan des gardes-côtes, qui coordonnent depuis Rome toutes les opérations de sauvetage au nord des eaux territoriales libyennes.
En revanche, ce mois d'août a été légèrement plus calme que les années précédentes. Le dernier bilan du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) en fin de semaine faisait état d'environ 105.000 arrivées. Avec les opérations de dimanche et lundi, cela devrait monter à plus de 112.500, soit encore en-deçà des 116.000 enregistrés pendant la même période en 2015.
La quasi-totalité de ces migrants viennent d'Afrique de l'Ouest ou de la Corne de l'Afrique.
Une véritable flottille militaire et humanitaire patrouille cette année au large de la Libye pour secourir les migrants, qui partent dans des conditions tellement précaires que certains ne survivent pas moins d'une journée de mer en raison des émanations de carburant, de l'hypothermie et de la déshydratation, sans compter les naufrages.
Selon le HCR, au moins 3.100 migrants sont morts ou disparus en mer Méditerranée cette année en tentant de gagner l'Europe.
La situation est cependant tendue dans la zone, en particulier depuis qu'un autre navire de MSF, le Bourbon Argos, a essuyé des tirs le 17 août à 24 milles nautiques au large de la Libye, où le trafic de migrants fait l'objet d'une lutte de pouvoir entre factions et autorités rivales.
Aucun migrant n'était à bord à ce moment-là et l'ensemble des équipes s'était réfugié dans un endroit sûr après avoir repéré un bateau s'approchant sans s'identifier.
Les assaillants, non-identifiés, sont montés à bord pendant environ 50 minutes avant de repartir sans faire de dégâts ni rien emporter.
Avec AFP