Plus de 200.000 civils sud-soudanais sont désormais hébergés dans sept bases de l'ONU réparties à travers le pays, plongé depuis deux ans dans la guerre civile, a annoncé lundi la Mission locale de l'ONU, un sombre indicateur de la poursuite du conflit malgré le processus de paix en cours.
La Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) a recensé 201.257 personnes réfugiées sur l'une de ses bases de six localités du pays, dont deux à Juba, la capitale. Malgré un accord de paix signé fin août, ces chiffres sont parmi les plus élevés enregistrés depuis le début de la guerre civile en décembre 2013. Ils rejoignent le pic d'août 2015 (201.911), atteint sur fond d'intensification des combats.
Plus de 122.000 personnes s'entassent dans le seul camp de Bentiu, capitale de l'Etat pétrolier d'Unité (nord), et près de 48.000 dans celui de Malakal, capitale de l'autre Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est). Unité et Haut-Nil sont les principaux champs de bataille du conflit.
Cet afflux de civils vers les bases de l'ONU ces dernières semaines montre que la situation sur le terrain continue d'empirer malgré l'accord de paix signé par le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, dont les forces s'affrontent depuis deux ans.
Devenu indépendant en juillet 2011, sur les ruines de décennies de conflit avec Khartoum, le Soudan du Sud a replongé dans la guerre le 15 décembre 2013, quand des combats ont éclaté au sein de la jeune armée nationale, minée par des dissensions politico-ethniques alimentées par la rivalité à la tête du régime entre MM. Kiir et Machar.
Alors qu'avance la mise sur pied d'un gouvernement d'union nationale - rouage essentiel du mécanisme de partage du pouvoir prévu par l'accord de paix - les combats n'ont pas cessé sur le terrain. De nombreuses milices ethniques prêtent main-forte à l'armée fidèle à M. Kiir ou aux troupes rebelles loyales à M. Machar mais échappent largement à toute hiérarchie et font peu de cas de l'accord de paix.
En octobre, des experts de l'ONU ont mis en garde contre "un risque concret de famine", en cas de poursuite des combats dans certaines zones inaccessibles aux agences humanitaires. De l'aide a depuis pu être distribuée, mais les conditions de vie continuent d'y être extrêmement difficile.
Plus de 2,2 millions de personnes ont été chassées de chez elles par la guerre et les atrocités à grande échelle qui l'accompagnent - massacres ethniques, viols, torture, meurtres et recrutement d'enfants, déplacements forcés de populations - dont sont responsables les deux camps.
AFP