Suspension de la grève dans les secteurs sanitaire et éducatif au Tchad

Les travailleurs du secteur public en assemblée générale à N'Djamena, le 27 octobre 2018. (VOA/ André Kodmadjingar)

La plateforme syndicale de la fonction publique suspend sa grève générale qui a paralysé les secteurs sanitaire et éducatif depuis plus de cinq mois au Tchad.

La suspension de la grève survient après la signature d’un protocole d’accord le weekend dernier entre la plateforme syndicale et le gouvernement en vue de résoudre la crise sociale que le pays traverse.

Les enfants tchadiens devront donc reprendre le chemin des cours dans les établissements publics sur toute l’étendue du territoire national tchadien.

Tchad, les élèves des établissements publics reprennent le chemin de l'école avec un mois de retard, à N'Djamena, le 27 octobre 2018. (VOA/ André Kodmadjingar)

Dans le document signé le weekend, le gouvernement s’engage à rétrocéder 15% sur la coupe des augmentations générales spécifiques (AGS) à compter de janvier 2019, ramenant ainsi lesdites AGS à 65%.

Un comité paritaire gouvernement-plateforme syndicale sera mis sur pied dans un délai n’excédant pas une semaine afin d’assainir les fichiers de la solde sur une période n’excédant pas 45 jours et la poursuite de l’audit des diplômes en collaboration avec le cabinet en charge du dossier.

L’économie réalisée dans le cadre de ces deux actions sera placée dans un compte séquestre.

Le ministre secrétaire général de la présidence de la république Kalzeubé Pahimi Deubet se réjouit du dénouement de la crise.

"Chaque camp a pris sur lui (l’engagement) de faire prévaloir l’intérêt des enfants tchadiens privés d’une rentrée scolaire sereine. L’intérêt de la population qui n’a pas accès aux soins de santé depuis plusieurs mois faute de praticiens qui ont déserté nos formations sanitaires. A partir de ce jour, nous avons tous pris l’engagement de ne parler de la grève qu’en termes de mauvais souvenirs", a déclaré M. Kalzeubé.

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Parler du débrayage en termes de mauvais souvenirs n’est pas évident dans cette condition. Car ce protocole a été signé sous pression.

Selon les responsables de la plateforme syndicale revendicative, le gouvernement menace de ne pas payer les salaires des fonctionnaires pour les trois derniers mois. Puisque sur les 10 mois passés, ils n’ont travaillé que deux mois.

Connaissant le comportement du gouvernement de Déby qui tourne souvent les travailleurs en bourrique dans leurs revendications, le président du conseil national du dialogue social Ali Abbas Seitchi émet déjà des inquiétudes.

Cet accord est le deuxième du genre que la plateforme syndicale a paraphé avec le même gouvernement en moins d’un an.

Kalzeubé Pahimi Deubet, ministre d'Etat et secrétaire générale de la présidence à N'Djamena, le 27 octobre 2018. (VOA/ André Kodmadjingar)

"Si le gouvernement ne respecte pas cet accord dans un mois, nous allons revenir à la charge. Il reviendra au gouvernement de nous montrer que ce n’est pas un accord de dupes", met en garde Michel Barka, porte-parole de la plateforme syndicale.

La suspension de la grève est un ouf de soulagement pour des milliers d’enfants tchadiens qui aspirent regagner les bancs de l’école.

Mais les travailleurs restent, quant à eux, pessimistes car l’accord lui-même stipule en son point 6 que le gouvernement s’emploiera à obtenir une audience auprès du président de la république après la reprise effective du travail pour un échange constructif.

Cela, afin de permettre à la plateforme syndicale revendicative de faire le plaidoyer de ces revendications. Ce qui présage que la crise n’est pas encore totalement décrispée.