"Nous avons convoqué Babachir Lawal dans nos locaux à Abuja mercredi et depuis il est en garde à vue", a rapporté à l'AFP Samin Amaddin, le porte-parole de l'EFCC - agence anti-corruption nigériane -,en soulignant qu'il ne savait pas combien de temps durerait la détention provisoire.
Limogé de ses fonctions en octobre dernier, Babachir Lawal, est notamment suspecté d'avoir accordé des marchés à des entreprises dont il est lui-même le directeur pour des projets de reconstruction dans le nord-est du Nigeria, région dévastée par des années de conflit avec le groupe jihadiste Boko Haram.
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Ce nouveau développement intervient deux jours après la publication d'une tribune extrêmement virulente écrite par l'ex-président Olusegun Obasanjo, dans laquelle il dénonce le "népotisme" du président actuel Muhammadu Buhari et lui demande de ne pas se représenter pour un second mandat.
Citant un scandale de corruption récent qui a été enterré par l'administration Buhari, M. Obasanjo, qui garde un poids très important sur la scène politique du Nigeria, a jeté un pavé dans la mare, en demandant "combien d'autres cas ont été ignorés ou cachés au grand public et aux médias?".
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Les poursuites à l'encontre de Babachir Lawal constituent un test pour M. Buhari, que ses détracteurs ont souvent accusé d'instrumentaliser la lutte anti-corruption à des fins politiques contre l'entourage de son prédécesseur Goodluck Jonathan et les membres du parti d'opposition PDP (People's Democratic Party), et de protéger ses propres collaborateurs.
M. Buhari a été élu en 2015 après avoir promis d'éradiquer la corruption, le "cancer" qui gangrène le premier producteur de pétrole d'Afrique.
La présidence a fait savoir jeudi matin que le chef de l'Etat se rendait à Addis Abeba ce week-end pour participer au Sommet de l'Union Africaine, où il doit prononcer un discours "historique" intitulé "Gagner le combat contre la corruption: une étape pour la transformation de l'Afrique".
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Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Buhari en 2015, l'EFCC révèle chaque semaine de nouvelles enquêtes, ouvre de nouveaux procès, gèle des comptes et des avoirs de personnes impliquées dans le détournement de milliards de dollars mais personne n'a pour l'heure été encore inculpé.
Avec AFP