Un million de déplacés après des affrontements ethniques en Ethiopie

Un centre de distribution de nourriture à Gode, en Ethiopie, le 27 janvier 2018.

Des mois d'affrontements sporadiques entre deux principaux groupes ethniques en Ethiopie ont forcé près d'un million de personnes à quitter leurs foyers, selon un rapport des Nations unies.

Les violences opposant des membres des communautés Oromo et Somali le long des frontières des deux Etats du même nom, dans le sud du pays, tout au long de l'année 2017, se sont intensifiées à partir du mois de septembre, faisant plusieurs centaines de morts, selon les autorités.

Des chiffres récents de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations unies montrent que le nombre de déplacés est bien plus important qu'on ne le pensait.

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"Des données préliminaires collectées en novembre 2017 par l'OIM indiquent que près d'un million de personnes ont été déplacées en raison du conflit le long de la frontière entre les Etats Oromia et Somali", depuis 2015, selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).

Pour la seule année 2017, quelques 700.000 déplacés ont été dénombrés, avec un "pic significatif" en septembre, selon ce document.

"La plupart des déplacés, qui ont fui avec ce qu'ils pouvaient emporter sur eux, vivent aujourd'hui dans des conditions précaires, dépendant de l'aide humanitaire internationale et nationale", a souligné l'OIM.

Un responsable au bureau de l'OIM à Addis Abeba a refusé de commenter ces chiffres.

Un garçon regarde un véhicule de l'ONU dans un camp de déplacés internes, à Gode, en Ethiopie, le 27 janvier 2018.

Si les disputes sont courantes entre communautés au sujet de la démarcation des frontières administratives ou de l'accès aux ressources (points d'eau, pâturages...), elles débouchent rarement sur des violences d'une telle intensité. La raison pour lesquelles elles ont débuté reste floue, dirigeants oromos et somalis s'accusant mutuellement d'avoir déclenché les hostilités.

Ces violences illustrent les tensions qui traversent le système de gouvernance éthiopien, dit de "fédéralisme ethnique".

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Ce système est censé offrir un degré d'autonomie aux différentes communautés du pays, divisé depuis 1995 en neuf régions administratives. Ses détracteurs disent qu'il contribue dangereusement à exacerber les sentiments d'appartenance et à "ethniciser" d'anciens différends fonciers dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (plus de 100 millions d'habitants).

Depuis plus de deux ans, l'Ethiopie est secouée par des protestations à caractère social, économique et politique, qui ont fait près de mille morts selon la Commission éthiopienne des droits de l'Homme, et conduit le pouvoir à instaurer l'état d'urgence d'octobre 2016 à août 2017.

Avec AFP