Valls joue l'apaisement à Alger où sa visite est boycottée par des médias français

Le Premier ministre français Manuel Valls

Le Premier ministre français Manuel Valls a choisi de privilégier l'avenir de la "relation stratégique" entre Paris et Alger à l'occasion d'une visite boycottée par des médias français pour protester contre le refus d'accréditer des journalistes.

"Mes messages sont passés", a assuré dimanche M. Valls au sujet de la controverse qui a précédé son voyage à Alger, née du refus des autorités algériennes d'accorder un visa à des journalistes du quotidien Le Monde et de l'émission +Le Petit Journal+ de la chaîne Canal+ qui voulaient suivre le déplacement du Premier ministre.

Des journalistes français ayant fait le déplacement à Alger ont lu une déclaration dimanche lors de la conférence de presse conjointe du chef du gouvernement français et de son homologue algérien Abdelmalek Sellal.

"Nous avons fait le choix de privilégier notre mission d'informer" en venant à Alger, ont-ils dit, mais "nous tenions à exprimer notre profond désaccord et notre émotion face a cette décision (de refus de visas), contraire à toutes les pratiques, qui vise à sanctionner ces médias".

M. Sellal a répondu que la décision a été prise parce que "un journal respecté et respectable (ndlr: Le Monde) a porté atteinte au l'honneur au prestige" du président algérien Abdelaziz Bouteflika "de manière gratuite".

"On ne touchera jamais à la liberté de la presse", a ajouté M. Sellal.

Mardi, la une du quotidien français montrait une photo de M. Bouteflika parmi celles de dirigeants mis en cause dans le scandale financier des +Panama Papers+. Le Monde a ensuite précisé que le nom du chef de l'État algérien n'apparaissait pas dans les révélations sur cette affaire.

"Je vais exprimer mon grand respect (...) et notre soutien au président Bouteflika", a indiqué Manuel Valls pour tenter de clore la controverse.

'Vers l'avenir'

Avant de partir rencontrer le chef de l'Etat algérien dans sa résidence de Zéralda (cote-ouest), qui lui sert de bureau en raison de sa maladie, le chef du gouvernement français a pris un café en terrasse sur l'esplanade de la Grande Poste, bâtiment emblématique de la capitale algérienne.

Il a expliqué à l'AFP qu'il se promenait pas loin de ce lieu historique lorsqu'il était à l'Internationale Socialiste dans les années 80.

Lors de la conférence de presse avec son homologue algérien, M. Valls a recommandé de se "tourner vers l'avenir" car, selon lui, "rien ne doit entraver" la relation bilatérale entre la France et l'Algérie, qui a pris "un tour exceptionnel depuis 2012", date du premier voyage en Algérie du président français François Hollande.

"On doit continuer", a-t-il insisté après la réunion du Haut Comité intergouvernemental mixte, une "démonstration éclatante" de cette nouvelle lune de miel qui s'est concrétisée par la signature d'une quarantaine d'accords économiques et institutionnels.

'Partenaire économique majeur'

Aux côtés de son homologue algérien et du ministre algérien de l'Industrie Abdeslam Bouchouareb, M. Valls a notamment assisté à la signature d'un "nouveau pacte d'actionnaires" pour agrandir une usine de matériel ferroviaire codétenue par le groupe français Alstom.

Le groupe d'oléagineux Avril a lui signé une lettre d'intention avec la société algérienne Djadi pour la création d'une usine de sauces condimentaires sous marque Lesieur et la société Rouiller a noué un accord avec l'Algérienne Asmidal pour créer une co-entreprise dans le domaine des phosphates.

"Quatre ou cinq" autres accords sont "en cours de maturation, en fin de discussion", a annoncé M. Bouchouareb, évoquant un projet d'implantation industrielle en Algérie du constructeur automobile français PSA. Cet accord, "en voie de finalisation", sera selon lui signé "dans un proche avenir".

Auparavant, à l'ouverture d'un forum d'affaires à Alger, Manuel Valls avait souligné que la France était "déjà le premier investisseur en Algérie, hors hydrocarbures, et son deuxième partenaire commercial, avec un volume d'échanges qui ne cesse d'augmenter".

La France doit "demeurer le partenaire économique majeur de l'Algérie", a-t-il dit.

En 2015, la Chine était la première partenaire commerciale de l'Algérie avec une part de 14,1% des échanges. La France n'arrivait qu'en deuxième position avec 10,9%, une part en baisse par rapport aux 12% enregistrés en 2012.

L'Algérie connaît un coup de frein de son taux de croissance du fait de l'effondrement du prix du pétrole, qui pénalise son commerce extérieur et sa consommation.

Avec AFP