Un autre dignitaire religieux, de retour de Batangafo (nord-ouest), où des combats meurtriers se sont également produits récemment, a relayé des informations sur la passivité des Casques bleus en Centrafrique face à ces violences.
"Je suis allé voir mes frères qui sont morts [à Alindao], on les a brûlé comme des bêtes", a déclaré le cardinal Nzapalainga lors d'une conférence de presse à Bangui, tenue avec d'autres dignitaires religieux, chrétiens et musulmans.
"On ne faisait que brûler, brûler, incendier, il y a des enfants, des malades, des morts qui ont été brûlés, calcinés", a-t-il ajouté.
Après les combats d'une extrême violence qui ont opposé le 15 novembre des groupes armés à Alindao, "j'ai vu des gens gratter le sol pour ramasser le reste du riz qu'on avait brûlé, les gens ont tout perdu", a ajouté le cardinal.
"N'avons-nous pas élu nos dirigeants pour nous protéger? Pourquoi en sommes-nous là? Qu'avons-nous mérité pour que cela nous arrive ? Voilà des questions que ces gens [d'Alindao] posent", selon lui.
Mgr Nzapalainga a affirmé qu'"on ne peut pas marcher dans le sang des Centrafricains pour être ministre ou s'enrichir, mais, hélas, c'est ce qui se passe".
Présent à la conférence de presse, Nestor-Désiré Nongo Aziagbia, évêque de Bossangoa (ouest), a affirmé qu'"on est en train de nous pousser vers une guerre de religion". Il a déploré que l'on puisse affirmer que "l'Eglise protège uniquement les chrétiens contre les musulmans".
Les sites des paroisses catholiques "sont considérés comme des repaires des antibalaka (milices d'auto-défense) et les prêtres comme les protecteurs et les fournisseurs en armes des antibalaka", un "amalgame" qu'il a fermement réfuté.
De retour de Batangafo (nord-ouest), où des combats meurtriers se sont également produits récemment, Mgr Nongo Aziagbia a également relayé les accusations d'inaction, voire de collusion, de certains contingents de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca).
"A Batangafo pendant qu'on incendiait, pendant qu'on tuait, qu'on volait les biens de la population civile, le contingent pakistanais de la Minusca se contentait seulement de prendre des photos", a-t-il affirmé.
"Le même témoignage nous revient de Alindao", où les membres du "contingent mauritanien (...) riaient pendant que les exactions étaient commises", a-t-il ajouté.
Depuis 2013, la quasi-totalité de la Centrafrique vit sous la coupe de groupes armés et de milices qui commettent d'innombrables violences et exactions.