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L'opposition accuse le président de l'attaque contre un député en Tanzanie


Le numéro deux de l'opposition, Tundu Lissu à Arusha, Tanzanie, 17 mars 2017.
Le numéro deux de l'opposition, Tundu Lissu à Arusha, Tanzanie, 17 mars 2017.

Le principal parti d'opposition tanzanien a accusé publiquement mardi, pour la première fois, le président John Magufuli et son gouvernement d'être responsables de l'attaque dans laquelle le numéro deux de l'opposition, Tundu Lissu, a été grièvement blessé par balles.

"Le gouvernement est impliqué dans cet attentat," a soutenu Benson Kigaila, chargé des questions de défense et de sécurité auprès de la direction du parti Chadema, lors d'une conférence de presse mardi à Dar es Salaam.

"Magufuli et son gouvernement haïssaient Tundu Lissu parce qu'il ne cessait de critiquer, au parlement et en dehors, la gouvernance du président Magufuli", a ajouté M. Kigaila, affirmant que le président a déclaré publiquement, et à plusieurs reprises, "qu'il n'y aurait plus d'opposition" aux prochaines élections générales en 2020.

Le député Tundu Lissu, numéro deux de l'opposition au parlement, avait été attaqué jeudi à son domicile de Dodoma (centre), la capitale administrative du pays, alors qu'il venait de participer à une session parlementaire.

Il avait été touché à l'estomac et à un pied, et se trouvait jeudi soir dans un état "critique", selon le Chadema. Décision avait été prise de le transférer à l'Aga Khan de Nairobi, l'un des hôpitaux les plus réputés de la région, et vendredi, son parti a assuré que son état s'était amélioré.

"Ils tuent pour que les gens se taisent, mais nous ne nous tairons pas", a lancé mardi Benson Kigaila, notant que l'attaque avait eu lieu en plein jour, et dans un quartier gardé par les forces de l'ordre où résident des ministres lors de sessions parlementaires.

Pour le vice-président du Chadema, Abdallah Safari, "la seule inférence pour le Tanzanien ordinaire est que la police et le gouvernement sont impliqués dans cette tentative d'assassinat". "Ni la police, ni le gouvernement ne nous inspirent confiance pour une enquête (...), nous demandons une enquête indépendante par des enquêteurs étrangers".

M. Lissu, 49 ans, également bâtonnier de l'Ordre des avocats, a été arrêté au moins six fois depuis le début de l'année. Il est poursuivi pour "sédition" dans plusieurs affaires en cours devant les tribunaux.

Le président Magufuli, dans un message posté jeudi sur son compte Twitter, s'était dit "choqué d'apprendre la nouvelle de l'attaque contre Tundu Lissu" et ordonné "que les forces de l'ordre recherchent et traduisent en justice toutes les personnes impliquées dans cet acte sauvage."

Surnommé "Tingatinga" (bulldozer en swahili), le président Magufuli a marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption.

Mais son style peu consensuel et abrupt lui vaut d'être qualifié d'autocrate et de populiste par ses détracteurs, alors que la liberté d'expression est de plus en plus réduite.

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