"Une organisation des Nations Unies a crié sur tous les toits que 100.000 personnes allaient mourir de faim l'année prochaine", a écrit le porte-parole de la présidence Garba Shehu dans un communiqué. "Ce n'est pas vrai."
Abuja affirme ne pas voir "le sens de ces théories et annonces hyperboliques qui sont faites ostensiblement pour attirer le soutien des donateurs", poursuit-il.
L'insurrection de Boko Haram et le conflit qui l'oppose à l'armée nigériane a fait "plus de 2 millions de déplacés", reconnaît M. Shehu. "Par conséquent, il y a des morts, il y a la faim, la malnutrition", poursuit-il, niant "la peur d'une famine de masse".
"C'est un problème que l'administration de Muhammadu Buhari gère avec une grande sensibilité", souligne M. Shehu, qui rappelle que l'Etat nigérian est auprès de la population dans le besoin à travers son agence nationale des urgences (NEMA).
Le nord-est du Nigeria, particulièrement l'Etat du Borno, est à genoux après sept années de conflit dévastateur.
Vendredi, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a lancé son appel annuel, affirmant que 5,1 millions de personnes seront confrontées à de graves pénuries alimentaires en 2017, car le conflit et la menace des mines disséminées par les insurgés ont empêché les paysans de planter pour la troisième année consécutive.
"Le Plan d'action humanitaire de 2017 pour le Nigeria vise plus d'un milliard de dollars pour répondre aux besoins des populations dans les trois états les plus touchés par la crise, Borno, Adamawa et Yobe", avait annoncé alors Peter Lundberg, coordinateur de l'action humanitaire pour les Nations Unies au Nigeria, dans un communiqué, décrivant la situation comme la "plus grande crise (en cours) sur le continent africain".
Un constat partagé par tous les acteurs sur place. Le mois dernier Save The Children avait annoncé que "plus de 4.7 millions de personnes avaient besoin d'une aide alimentaire et que 400.000 enfants courraient le risque de mourir de faim dans un avenir proche."
En juillet, le directeur général de MSF Suisse, Bruno Jochum, a estimé que les Nations unies devaient considérer la situation dans le nord-est du Nigeria "comme une urgence maximale", ce qui a été fait quelques semaines plus tard.
"En termes de situation médicale, nous sommes confrontés actuellement à la pire des situations dans le monde", avait averti Médecins sans frontières.
Le conflit de Boko Haram a fait au moins 20.000 morts et 2.6 millions de déplacés depuis 2009.
Avec AFP