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Procès Habré en appel : verdict annoncé pour le 27 avril


Hissène Habré lors de son procès à Dakar, le 20 juillet 2015 epa
Hissène Habré lors de son procès à Dakar, le 20 juillet 2015 epa

Le tribunal spécial africain qui juge en appel l'ex-chef de l'Etat tchadien Hissène Habré à Dakar pour crimes contre l'humanité rendra son verdict le 27 avril, a annoncé jeudi le président de la cour, au terme de quatre jours de débats en son absence.

"L'affaire est mise en délibéré pour le 27 avril 2017", a déclaré le président de la Chambre d'assises d'appel, le magistrat malien Wafi Ougadèye, après la fin des plaidoiries des parties civiles puis des avocats commis d'office pour la défense.

Le verdict sera définitif. En cas de condamnation, Hissène Habré, 74 ans, purgera sa peine au Sénégal ou dans un autre pays de l'Union africaine (UA).

Il a été condamné le 30 mai 2016 pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, tortures et viols, par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées en vertu d'un accord entre l'UA et le Sénégal, où il s'est réfugié après avoir été renversé en décembre 1990 par l'actuel président tchadien Idriss Deby Itno.

M. Habré a ensuite été condamné en juillet 2016 à payer jusqu'à 20 millions de francs CFA (plus de 30.000 euros) par victime. Une commission d'enquête tchadienne estime le bilan de la répression sous son régime à quelque 40.000 morts.

Face à son refus, tout au long du procès en première instance qui s'était ouvert le 20 juillet 2015, de s'exprimer ou d'être représenté devant une juridiction qu'il récuse, la Cour avait désigné trois avocats commis d'office pour assurer sa défense.

Ce sont ces trois avocats qui ont fait appel, et non les conseils désignés par l'accusé qui, selon ses instructions, ont boycotté les débats.

Durant les audiences, il a été démontré "l'implacabilité de ce dossier", a déclaré Assane Dioma Ndiaye, un avocat des parties civiles, qui ont réclamé la confirmation de la condamnation.

Alain Werner, autre avocat des parties civiles, a regretté une déclaration du ministre sénégalais de la Justice, Sidiki Kaba, au lendemain du jugement en mai, évoquant une possibilité d'aménagement de peine ou de grâce présidentielle quand le verdict sera définitif.

"Nous avons été choqués par ces propos", qui ont eu un "effet dévastateur sur nos clients", a déclaré à l'audience Me Werner, prévenant que "ce serait un cataclysme" tant pour les victimes que pour la justice.

"Les obligations internationales du Sénégal interdisent" l'octroi d'une grâce présidentielle à Hissène Habré, "nous avons demandé (à la Cour) que cela soit dument noté dans sa décision", a-t-il précisé à l'AFP.

La condamnation doit "être annulée, invalidée", en raison "d'accumulation" et de "répétitions d'erreurs de fait qui affectent très gravement la validité de la décision de première instance", a répliqué un des avocats de la défense, Mounir Balal.

Un autre, Mbaye Sène, a notamment contesté les viols dont le président déchu a été reconnu coupable. La Cour d'appel doit "prononcer (son) acquittement parce que le crime de viol n'existe pas", a dit Me Sène.

Au contraire, selon le juriste américain Reed Brody, qui travaille avec les victimes depuis 1999, "la condamnation a été faite sur la base de preuves très solides".

"Je vois difficilement la Cour d'appel invalider toutes ces preuves, mais la tâche est de voir si Hissène Habré a eu un procès équitable et dans les normes", a déclaré M. Brody.

Le Sénégalais Abdourahmane Guèye, ex-vendeur de bijoux au Tchad, où il a été détenu par le régime Habré, a fait part à l'AFP d'un sentiment mitigé, en attendant le 27 avril. "Quand la cour aura délibéré, c'est là qu'on verra si nous, les victimes, serons pleinement satisfaites ou pas".

Avec AFP

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