A cette charge, la cour militaire a ajouté au lieut-col Engangela 20 ans de servitude pénale pour crimes contre l'humanité pour viols", 15 ans pour "crimes contre l'humanité pour autres actes inhumains" (torture et séquestration), 15 ans pour "esclavage sexuel" et 10 ans pour "emprisonnement et autres formes de privation grave de liberté physique".
Répondant au sobriquet de « Colonel 106 » et age de 42 ans, l'accusé a été reconnu coupable d'avoir commis lui-même certains crimes et d'avoir encouragé ses hommes à faire de même, pendant qu'il servait sous l'uniforme de l'armée ou après avoir déserté et fondé une milice dite "maï-maï"(de défense contre les groupes armés étrangers).
Le jugement a été rendu à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, où le colonel Engangela a dirigé sa milice entre 2005 et 2007. Aucune des victimes de l'accusé et de ses hommes n'était présente à la lecture du verdict. Pendant le procès, elles avaient témoigné de manière anonyme, par crainte pour leur sécurité.
L'ONG Avocats sans frontières (ASF) qui salue le verdict présentele colonel Engangela, dans un communiqué, comme l'un des plus hauts responsables des violences commises au Sud-Kivu en 2005-2007.
ASF qualifie la décision de justice d’un signal fort dans la lutte contre l'impunité.
Selon ASF, plus de 750 des victimes de l’officier sur près de 1.200 se sont portées parties civiles.
Les victimes, rappelle ASF, étaient enlevées et transportaient les biens pillés, liées par une corde +comme des esclaves.
"Au quartier général de la milice [...] les femmes étaient séparées des hommes. Après que le chef de guerre [eut] trié quelques femmes de son choix, il laissait les autres à ses miliciens. D'autres encore étaient vendues, prêtées ou troquées contre des biens de consommation", selon ASF.
Le colonel Engangela était en détention préventive depuis 2007. Son nom figurait sur une liste de cinq officiers supérieurs et généraux transmises par l'ONU aux autorités de Kinshasa en leur demandant d'accélérer les procédures judiciaires contre ces hommes accusés de violations graves des droits de l'Homme.
L'un des autres officiers figurant sur cette liste, le général de brigade Jérôme Kakwavu, a été condamné à dix ans de prison ferme pour crimes de guerre en novembre.
"Après le général Kakwavu, c'est maintenant le Colonel Engangela [...] Bravo pour la justice congolaise !" a commenté le chef de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), Martin Kobler, sur son compte Twitter.