Huit fidèles membres d'une minorité ethnique ont été tués par balles par des combattants tribaux arabes alors qu'ils étaient en train de prier dans leur village au Darfour, dans l'ouest du Soudan, ont indiqué lundi un médecin et un responsable tribal.
Cinq villageois, dont deux enfants, ont également été blessés dans l'attaque survenue dimanche soir dans une mosquée à Arzini, dans le Darfour-Ouest.
"Il y a huit corps dans la morgue", a déclaré à l'AFP un médecin de l'hôpital d'El-Geneina, capitale de cette province, sous couvert d'anonymat. "Tous ont été tués par balles à la tête ou à la poitrine," a-t-il précisé.
Selon un chef tribal du Darfour-Ouest, les victimes étaient membres de la minorité Masalit. "Une dispute a éclaté entre un Arabe et un homme Masalit à propos d'un paiement sur le marché local hier (dimanche)", a déclaré à l'AFP Sultan Saad Baherddine par téléphone depuis l'hôpital d' El-Geneina.
"Dans la querelle qui a suivi, l'Arabe a battu l'homme Masalit avec un fouet, et ce dernier l'a poignardé à mort."
Des soutiens arabes de la victime se sont réunis et ont exigé une compensation des villageois de Arzini, a poursuivi M. Baherddine. Dans la soirée, "des hommes armés les ont attaqués alors qu'ils priaient dans la mosquée du village," a-t-il témoigné.
"Ils ont commencé à tirer sur les villageois. Huit d'entre eux ont été tués dans l'attaque."
Lundi, des centaines de personnes se sont rassemblées devant l'hôpital d'El-Geneina pour participer aux funérailles, selon des témoins.
Les autorités "ont déployé des soldats dans les grandes artères de la ville et ordonné la fermeture du marché principal", a rapporté un habitant, parlant d'une ville "sous tension".
Le Darfour est en proie à des troubles depuis le lancement en 2003 d'une rébellion par des groupes armés issus de minorités ethniques pour dénoncer la marginalisation de leur région par le régime du président soudanais Omar el-Béchir.
Ce conflit dévastateur a fait 300.000 morts et quelque 2,5 millions de déplacés selon l'ONU.