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Tension à Juba, la maison de l'ex-chef de l'armée encerclée au Soudan du Sud


Le président Salva Kiir, accompagné du chef d'état-major de l'armée Paul Malong, lors d'une cérémonie de l'indépendance à Juba, Soudan du Sud, 9 juillet 2015.
Le président Salva Kiir, accompagné du chef d'état-major de l'armée Paul Malong, lors d'une cérémonie de l'indépendance à Juba, Soudan du Sud, 9 juillet 2015.

La tension était palpable samedi dans la capitale sud-soudanaise, Juba, où de nombreux habitants restaient cloîtrés chez eux, alors que plus de cent soldats encerclaient la résidence de l'ancien chef de l'armée, l'influent Paul Malong, afin de désarmer ses gardes du corps.

Ce déploiement a été confirmé à l'AFP par le porte-parole du président Salva Kiir, Ateny Wek Ateny, qui assure que "l'armée effectue une opération de routine", que la situation est "normale" et qu'il n'a "pas à s'inquiéter", des propos repris par le ministre de l'Information, Michael Makuei.

Selon un ordre signé lundi par le président Kiir et dont l'AFP a obtenu copie, l'armée a notamment pour tâche de désarmer les gardes du corps de Paul Malong. En cas de résistance, les soldats ont ordre de faire usage d'"une force raisonnable", est-il précisé dans ce document, qui n'explique toutefois pas les motivations du président.

Face à ce déploiement militaire dans le quartier central Hai Amarat, où vivent de nombreux responsables gouvernementaux, la plupart des habitants ont déserté les rues de Juba, capitale d'un pays en proie à une guerre civile depuis près de quatre ans, a rapporté un correspondant de l'AFP.

"Je ne suis pas sorti de chez moi depuis ce matin (...), des combats pourraient éclater", a déclaré l'un d'eux, Moses Alier, joint par téléphone.

Assigné à résidence, Paul Malong avait été démis de ses fonctions en mai par Salva Kiir. Cette décision avait suscité de vives inquiétudes parmi la population, qui craignait de possibles affrontements entre les troupes de M. Malong et celles loyales au président.

- Sanctions américaines -

Ces inquiétudes avaient été renforcées par le départ de Malong de Juba en convoi routier en direction de sa région natale du Bahr el-Ghazal (nord-ouest), mais le général était finalement rentré à Juba, assurant n'avoir jamais eu l'intention de se rebeller.

Selon les termes du document signé lundi par le président Kiir, Paul Malong n'est pas autorisé à quitter sa résidence, où il ne doit recevoir aucune visite.

Extrêmement influent, au point d'être considéré par certains comme plus puissant que le président Kiir, Paul Malong avait été nommé par ce dernier chef d'état-major de l'armée en avril 2014.

Issu comme le président de l'ethnie dinka, il est considéré comme l'instigateur des combats qui avaient éclaté dans la capitale - faisant des centaines de morts - en juillet 2016 et ruinant les espoirs d'un accord entre le président Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, qui est lui issu de l'ethnie nuer.

Les Dinka et les Nuer sont les deux principales ethnies du Soudan du Sud.

En mai, le président Kiir avait présenté le limogeage de M. Malong comme "une décision de routine".

Deux ans et demi après son indépendance obtenue en juillet 2011 grâce au soutien des Etats-Unis, le Soudan du Sud a plongé dans une guerre civile marquée par des violences ethniques et alimentée par une rivalité entre M. Kiir et son ancien vice-président, le chef rebelle Riek Machar.

Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés, poussé environ 4 millions de personnes à fuir leur foyer et rendu plus de la moitié des 12 millions d'habitants dépendants de l'aide alimentaire.

En septembre, les Etats-Unis avaient annoncé des sanctions ciblées contre de hauts responsables sud-soudanais, dont Paul Malong et le ministre de l'Information Michael Makuei, pour avoir "menacé la paix, la sécurité ou la stabilité du Soudan du Sud".

Les Etats-Unis ont investi onze milliards de dollars (neuf milliards d'euros) au Soudan du Sud durant la présidence de Salva Kiir.

Avec AFP

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