Gouvernement et syndicats du Tchad sont parvenus à un accord mercredi soir pour mettre fin à la paralysie du secteur public en grève depuis fin janvier suite à des mesures d'austérité nationales.
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"La suspension de la grève générale et la reprise du travail après le paiement effectif de tous les agents de l'Etat" et "la poursuite du dialogue entre les deux parties en vue d'instaurer un climat social apaisé dans le pays" sont prévues dans cet accord, signé mercredi par le gouvernement et le groupement syndical de la plateforme syndicale revendicative.
Cette organisation est à l'origine d'un mouvement massif de grève du secteur public dans le pays depuis fin janvier.
"Soyez rassuré pour l'application intégrale de l'accord qui vient d'être signé", a déclaré Moucktar Mahamat Ali, ministre de la Fonction publique au Tchad.
Barka Michel, président de l’Union des syndicats du Tchad et porte-parole de la plateforme syndicale se réjouit du fait que le décret 687 portant restriction du droit de grève ne sera pas appliqué et que le gouvernement s’engage à rembourser les salaires des fonctionnaires coupés.
"La grève est suspendue et le travail reprendra immédiatement dès qu'on aura constaté le paiement des salaires des agents", a déclaré Michel Barka, président de l'Union des syndicats tchadiens, jeudi devant la presse, au lendemain dr l'accord entre les syndicats et le gouvernement.
"Si l'Etat ne tient pas sa promesse, la grève repartira", a confié une syndicaliste.
Un avocat qui a demandé l'annonymat, explique que "si moratoire il y a, il faut que l'Etat discute avec les banques au préalable".
Pour Dr Djong-Yang Dibam, juriste et consultant international, cet accord "scandaleux" est beaucoup plus politique que social, car il intervient à quelques jours de la tenue du forum national inclusif pour les réformes institutionnelles.
Pour Guiryo Jérémie, président du Syndicat national des enseignants et chercheurs du Supérieur (SYNECS), ce document prend en compte toutes les revendications de son organisation.
En revanche, La section SYNECS de l'université de N'Djamena n'entend pas reprendre le travail tant que les arriérés de salaires des enseignants contractuels, les frais de jury et d'heures supplémentaires ne sont pas payés.
Pas de salaire depuis février
Selon le texte établi après deux semaines de négociations, les salaires de février de la fonction publique seront payés. 31.000 agents de l'Etat n'avaient pas reçu de revenu en février du fait de la grève.
L'accord prévoit l'application d'un moratoire de trois mois par les banques sur les prêts contractés par les fonctionnaires, étant donné que de nombreux fonctionnaires possèdent des emprunts bancaires.
Des alternatives à la réduction des primes et/ou indemnités des fonctionnaires seront à l'étude, dit le texte, tout en gardant l'objectif de la réduction de la masse salariale de 30 milliards de FCFA (45,7 millions euros).
La nouvelle réduction des primes et/ou indemnités en janvier 2018 a été le déclencheur des mécontentements. Depuis les premières mesures d'austérité en 2016, les agents de l'Etat ont été amputés d'un tiers de leur revenu final.
Le texte veut aussi "la suspension du recensement en cours".
Pourtant réclamé par les syndicats depuis plusieurs mois, ce recensement doit mettre en lumière le nombre de fonctionnaires fantômes du pays qui compte environ 92.000 fonctionnaires civils.
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Mais les syndicats voudraient être associés à cet audit, et ne veulent pas que le recensement soit fait uniquement par le ministère des finances, selon une source syndicale.
Depuis janvier, le climat social s'est tendu dans le pays où la grève du secteur public a été accompagnée d'appels à marcher ou de manifestations interdites par les autorités.
N'Djamena, qui subit les conséquences de la chute des prix du baril de pétrole, doit s'en tenir aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI) et maîtriser sa masse salariale ou encore régler des dettes extérieures pour débloquer les tranches de financement au titre de la facilité élargie de crédit et à hauteur de 312,1 millions de dollars.
Près de 40% des Tchadiens, pays de plus de 14 millions d'habitants, vit sous le seuil de pauvreté.