Arrivée lundi soir, Mme Fatou Bensouda s’est entretenue mardi avec les parlementaires sur le travail de la Cour pénale internationale et ses procédures.
"Beaucoup de suppositions sont faites au sujet de la CPI et sur comment la CPI marche. Il faut prendre le temps de comprendre sur quoi porte la juridiction de la cour grâce à notre site Internet ou grâce à ce genre d’interaction que j’ai eu le plaisir d’avoir avec les députés du Niger. C’est notre responsabilité car 34 pays d’Afrique sont membres de la CPI. C’est important que ces pays comprennent notre travail plutôt que toutes ces fausses informations qui circulent, c'est très facile que les gens y croient ", a déclaré Mme Bensouda après sa rencontre au Parlement.
Depuis son entrée en fonction en 2011, Mme Bensouda s’est exprimée pour expliquer le travail de la cour et ces procédures. La CPI n’a pas en effet bonne presse en Afrique.
Pendant des heures, elle a tenté de rassurer les parlementaires nigériens sur l’indépendance et l’impartialité du travail que mène son bureau. Malgré tout, certains députés sont ressortis avec les mêmes idées.
"Il est clair aujourd’hui que la cour accomplit un travail plus ou moins douteux" affirme un député nigérien au micro de VOA Afrique. " Sur les 10 détenus, il y a neuf qui sont Africains. L’assassinat de Kadhafi, la pendaison de Saddam Hussein… tout ça là ce ne sont pas les Africains. Aujourd’hui, si la cour n’a pas la possibilité d’étendre son autorité sur les pays occidentaux, je pense que notre présence n’a pas sa raison d’être" a-t-il déclaré.
Sur la question du retrait collectif des pays de la Cour, l’ancienne ministre gambienne de la justice pense que la réflexion doit être murie davantage.
"Vous devez vous rappeler que cette cour a été créée largement à cause des efforts des Etats africains. L’Afrique a joué un grand rôle dans les négociations pour sa mise en place et nous ne pouvons pas le minimiser. L’Afrique continue à supporter la CPI. Dans tous les cas que nous gérons sur l’Afrique, nous sollicitons toujours la coopération et nous recevons ce soutien", s’est défendue Mme Bensouda.
La procureure de la Cour Pénale Internationale s’est dite ravie de cette initiative du parlement nigérien. Une expérience qu’elle espère pouvoir renouveler dans de nombreux autres pays.
Reportage de notre correspondant au Niger Abdoul-Razak Idrissa à Niamey pour VOA Afrique.