Des suspects de violences intercommunautaires libérés au Mali

La région de Mopti est située au nord du Mali.

Vingt-quatre personnes arrêtées par l'armée malienne lors d'une opération anti-jihadiste le 11 février dans la région de Mopti (centre du Mali), ont été libérées sans charges.

"Mes 24 clients accusés injustement d'être des jihadistes ont été libérés samedi. Les enquêtes ont prouvé qu'ils n'étaient que de simples citoyens", a déclaré leur avocat, Me Hassan Barry.

Ces personnes avaient été arrêtés au cours d'une opération de l'armée malienne contre une base supposée de fidèles du chef jihadiste peul Amadou Koufa à Dialloubé après des affrontements entre Bambaras, en majorité agriculteurs, et Peuls, traditionnellement éleveurs, dans des localités proches.

Les affrontements ont éclaté à la suite de l'assassinat le 11 février d'un agriculteur bambara, imputé à des jihadistes, suivi de "représailles" contre des Peuls.

Les violences ont fait 20 morts et seize blessés, selon le ministère malien de la Sécurité. Les médias publics ont fait état de 600 déplacés à la suite des affrontements.

Les suspects arrêtés étaient détenus par la gendarmerie, dont un responsable a confirmé à l'AFP dimanche les libérations, sans toutefois se prononcer sur leur nombre.

"Ils étaient chez nous, ils ont effectivement été libérés", a-t-il simplement déclaré.

Selon Me Hassan Barry, tous ses clients libérés "se portent bien".

Après les arrestations, l'avocat, par ailleurs membre d'une association de défense des Peuls, avait dénoncé un "amalgame" à l'encontre de sa communauté dans le centre du pays, soupçonnée par certains de collusion avec les jihadistes en raison de la présence dans la région depuis 2015 du mouvement armé du prédicateur radical peul Amadou Koufa, allié au groupe jihadiste Ansar Dine du chef touareg Iyag Ag Ghali.

Ansar Dine fait partie des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le nord du Mali pendant près de dix mois à partir de mars-avril 2012, à la faveur d'une rébellion touareg.

Les jihadistes, qui avaient fini par évincer leurs ex-alliés touareg, ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.

Longtemps concentrées dans le nord du Mali, les attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le centre, puis le sud du pays.

Avec AFP