J-1 avant un nouveau "super mardi" des primaires américaines

Un jour de primaires en forme de référendum pour ou contre Donald Trump : des millions d'électeurs américains votent mardi pour l'investiture à la présidentielle, au moment où le milliardaire est accusé d'inciter à la violence.

Tout le week-end a été dominé non par des débats sur l'immigration ou les impôts mais exclusivement par le favori républicain Donald Trump, et son attitude face à la montée des heurts dans ses rassemblements.

Interrompu systématiquement par des manifestants, notamment noirs et hispaniques, qui dénoncent ses déclarations jugées racistes ou hostiles aux immigrés, l'homme d'affaires a pendant des mois répondu par le défi, allant jusqu'à se plaindre que la sécurité ne puisse pas expulser les fauteurs de trouble "comme au bon vieux temps".

S'en suivent alors invectives, insultes racistes, crachats, voire coups, comme lorsqu'un septuagénaire blanc a frappé un manifestant noir pacifique mercredi dernier. Des heurts ont éclaté vendredi à Chicago entre des partisans de Bernie Sanders et des militants anti-racistes, et des partisans de Donald Trump.

Lundi, un meeting en Caroline du Nord a été interrompu par des manifestants mais sans incident rapporté, Donald Trump attendant cette fois patiemment la fin de chaque perturbation, sans jeter d'huile sur le feu.

"Il n'y pas de violences", a-t-il assuré. "C'est un mouvement, c'est la fête de l'amour".

Il a reconnu que la colère était forte dans le pays "y compris dans notre camp". Mais, a-t-il dit, "nous ne sommes pas des gens aigris, nous sommes en colère contre l'incompétence".

La démocrate Hillary Clinton l'a accusé "d'inciter à la violence".

"Je m'inquiète pour le pays et ce qui passerait si nous n'arrivons pas à nous rassembler pour élire un président qui représente toute l'Amérique", a-t-elle lancé à Chicago lundi.

"Les Américains n'éliront jamais un président qui insulte les Mexicains, les musulmans, les femmes, les Noirs", a dit lundi Bernie Sanders à Youngstown, dans l'Ohio.

Les trois autres candidats républicains ont déploré que Donald Trump refuse d'appeler au calme.

"Il a créé une atmosphère très toxique" a lancé John Kasich, gouverneur de l'Ohio, dimanche sur CBS. "Dans toute campagne, la responsabilité commence au sommet", a critiqué le sénateur du Texas Ted Cruz sur NBC.

Le sénateur de Floride Marco Rubio a perdu son habituel sourire. "Ça va très mal tourner", a-t-il prévenu, en reprochant aussi aux télévisions américaines de donner trop de temps d'antenne à Donald Trump.

- Vote ouvrier dans l'Ohio -

Avant la journée cruciale de mardi, les six candidats démocrates et républicains sillonnaient lundi l'Illinois, l'Ohio, le Missouri, la Caroline du Nord et la Floride.

La Floride, l'Illinois et l'Ohio sont les plus prisés en raison de leur grand nombre de délégués et parce que, du côté républicain, la totalité des délégués reviendra au seul vainqueur.

Donald Trump et Hillary Clinton sont les favoris en Floride, selon les sondages. Une dernière enquête publiée lundi par Quinnipiac accordait 46% des intentions de vote au milliardaire républicain, suivi de Marco Rubio (22%). Chez les démocrates, Hillary Clinton menait sur le sénateur du Vermont Bernie Sanders avec 60% des intentions de vote.

La vraie bataille se passait dans l'Ohio, cet Etat industriel du Midwest où les sondages donnent Donald Trump et John Kasich au coude-à-coude. Mitt Romney, candidat républicain à la présidentielle de 2012, fera campagne avec ce dernier.

Chez les démocrates, l'ex-secrétaire d'Etat de Barack Obama n'avait que quelques points d'avance dans l'Ohio, pas suffisamment pour inspirer la confiance, surtout que dans le Michigan voisin, Bernie Sanders l'a emporté mardi dernier. Dans l'Illinois, où Mme Clinton a passé sa jeunesse, les sondages se sont resserrés.

Le poids du vote ouvrier sera déterminant, Bernie Sanders courtisant les cols bleus avec un discours protectionniste, très critique des accords de libre-échange signés depuis les années 1990.

"Elle pourrait aussi bien être républicaine", lâche Julie Grassley, assistante sociale de 47 ans, en marge de la réunion publique de Bernie Sanders dans la ville de Youngstown, ancien haut lieu de la sidérurgie américaine.

Hillary Clinton a répondu à cette menace sur sa gauche en durcissant son opposition au partenariat transpacifique signé par Barack Obama avec 11 pays de la région Asie-Pacifique.

Avec AFP