"J'ai ordonné une enquête approfondie sur la fusillade qui s'est déroulée (vendredi) à Eastleigh", un quartier majoritairement somalien de l'est de la capital kényane, a annoncé l'inspecteur général Joseph Boinnet à la radio Capital FM.
"J'ai vu la vidéo et je condamne ces actions. L'enquête a d'ores et déjà débuté et je peux vous assurer que des mesures seront prises contre les policiers impliqués", a ajouté le chef de la police.
Sur cette vidéo, largement partagée sur les réseaux sociaux au Kenya, un policier en tenue civile est filmé en train de tirer à plusieurs reprises et à bout portant sur un jeune homme désarmé, que le policier venait semble-t-il d'appréhender.
Dans la séquence tournée par un vidéaste amateur avec un téléphone portable, on voit tout d'abord un homme gisant sur la chaussée dans une marre de sang, abattu peu de temps auparavant par les policiers. A ses côtés, deux policiers en civil, pistolet à la main, interrogent un jeune homme tout en le tenant par le bras.
Derrière eux, un policier en uniforme fait reculer les nombreux badauds qui assistent à la scène. C'est alors qu'un des deux policiers en civil écarte du bras le jeune suspect et lui tire dessus à cinq reprises. Calmement, il prend ensuite l'arme de son collègue et tire à nouveau cinq fois sur le jeune homme à terre.
Il prend ensuite le temps de recharger son pistolet et de tirer une dernière balle dans la tête de la victime, qui était jusque là encore en vie.
De source policière, les deux victimes sont des membres présumés d'un gang criminel opérant à Eastleigh et connu sous le nom de "Superpower", composé essentiellement de jeunes hommes âgés d'une vingtaine d'années.
"Ceux-là nous ont donné des nuits blanches car ils commettent leurs vols, ils tuent et ensuite ils se font oublier avant de réapparaître", a indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat un policier qui travaille sur ce gang. Le policier a assuré que les membres du Superpower étaient impliqués dans les décès de plusieurs policiers.
Dans un communiqué, l'ordre des avocats kényans a demandé "l'arrestation et des poursuites contre les policiers apparaissant dans la vidéo".
"Cette scène vient rappeler, de façon glaçante et effrayante, qu'il existe des éléments au sein des forces de sécurité qui tuent des citoyens kényans sans hésitation et en violation de toutes les lois", a estimé l'ordre des avocats, dénonçant "une culture des exécutions extrajudiciaires enracinée dans la police nationale".
Avec AFP