L'Iran veut discuter mais menace d'enrichir plus l'uranium

Le président iranien Hassan Rouhani lors d'un discours dans la ville de Tabriz, Azerbaïdjan, 25 avril 2018,

Le président iranien Hassan Rohani a dit mardi soir vouloir discuter avec les Européens, les Russes et les Chinois afin de voir si son pays a intérêt à rester dans l'accord sur le nucléaire iranien après l'annonce du retrait des États-Unis de ce pacte.

Mettant la pression sur les pays qui ont dit vouloir sauver cet accord en dépit du retrait américain, M. Rohani a néanmoins menacé que son pays cesse d'appliquer les restrictions qu'il a consenties à ses activités d'enrichissement d'uranium si ces négociations ne devaient pas donner les résultats escomptés.

"A partir de cet instant, l'accord nucléaire est entre l'Iran et cinq pays", a déclaré M. Rohani à la télévision publique iranienne peu après l'annonce du président américain Donald Trump du retrait de son pays de l'accord signé à Vienne en juillet 2015 entre l'Iran et les pays du groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne).

"Nous devons attendre de voir ce que les cinq grands pays vont faire. J'ai ordonné au ministère des Affaires étrangères de mener pendant les quelques semaines à venir avec les pays européens et les deux autres grands pays, la Chine et la Russie, des négociations", a-t-il dit.

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Si celles-ci permettent que "les intérêts du peuple iranien soient assurés [...] l'accord nucléaire restera et nous pourrons agir pour l'intérêt de la paix et de la sécurité de la région et du monde", a ajouté M. Rohani, qui a accusé M. Trump de livrer une "guerre psychologique" contre l'Iran.

"J'ai ordonné à l'Organisation iranienne de l'énergie atomique de prendre les mesures nécessaires [...] pour qu'en cas de nécessité nous reprenions l'enrichissement industriel sans limite", a encore dit M. Rohani, semblant lier une telle décision à l'éventualité d'un échec des négociations pour sauver l'accord de Vienne.

Par cet accord, l'Iran s'est engagé pour 15 ans à ne pas enrichir l'uranium à plus de 3,67% et à ne pas détenir plus de 300 kg d'uranium.

L'enrichissement industriel est destiné à faire du combustible pour les centrales nucléaires civiles. Mais hautement enrichi, et en quantité suffisante, l'uranium peut permettre la fabrication d'une bombe atomique.

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Par l'accord de Vienne, l'Iran s'est solennellement engagé à ne jamais chercher à acquérir la bombe atomique.

Émanation de l'ONU, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a jusqu'ici certifié que l'Iran remplissait ses engagements pris à Vienne.

La décision de retirer les États-Unis de l'accord et de réinstaurer des sanctions est une preuve supplémentaire que "les États-Unis (...) ne respectent jamais leurs engagements", a jugé M. Rohani.

Avec AFP