Le syndicat tunisien UGTT rejette le projet de budget 2017 et appelle à la mobilisation

La centrale syndicale UGTT retire ses représentants du gouvernement, protestant vigoureusement contre le partie RDC, à Tunis, Tunisie, le 19 janvier 2011.

La puissante centrale syndicale tunisienne UGTT a annoncé lundi son rejet "catégorique" du projet de budget 2017 du gouvernement, qui prévoit un gel des salaires d'au moins un an dans la fonction publique, et appelé à la mobilisation.

Dans un communiqué, le bureau exécutif national de l'Union générale des travailleurs tunisiens "exprime son refus catégorique de toutes les mesures contre lesquelles il avait mis en garde (...), dont le report des augmentations".

Le nouveau gouvernement entré en fonctions fin août a approuvé vendredi un projet de loi de finance (PLF) pour 2017 qui table sur une reprise de la croissance (2,5%) mais aussi sur un gel des salaires d'au moins un an dans la fonction publique.

Ce projet doit désormais être examiné par l'Assemblée des représentants du peuple, en vue de son adoption.

Le chef du gouvernement Youssef Chahed et son équipe n'ont cessé de mettre en garde sur la situation financière du pays, qui ne parvient pas à faire redémarrer son économie.

L'UGTT a de son côté appelé lundi "tous les travailleurs dans tous les secteurs à se mobiliser pour défendre leurs droits et empêcher qu'on leur fasse porter les échecs des politiques suivies". Elle a exhorté les syndicats à "se mobiliser et à se préparer à lutter pour les droits des travailleurs par tous les moyens légaux".

La centrale syndicale dit en outre n'avoir pas senti de la part du gouvernement de "véritable volonté de lutter contre la corruption et la contrebande et de faire face à l'évasion fiscale". Elle "fait porter au gouvernement et à toutes les parties qui le constituent la responsabilité d'une déstabilisation sociale".

Ces propos pourraient présager d'une escalade sociale alors que les autorités se préparent à organiser une conférence internationale pour l'investissement les 29 et 30 novembre.

Abderrahmane Hedhili, président du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG qui recense notamment les mouvements sociaux à travers le pays, a récemment averti que la Tunisie traversait une période délicate.

"Aujourd'hui, dans les quartiers populaires, nous avons le même profil qu'en 1984 (au moment des émeutes dites du pain, ndlr). Les gens ont la mémoire courte. Aujourd'hui on n'a pas l'impression que le gouvernement prenne toutes ces questions au sérieux", a-t-il jugé.

Dans un pays marqué par de multiples crises depuis sa révolution en 2011, la paix sociale était au coeur de l'initiative de gouvernement d'union nationale portée l'été dernier par le président Béji Caïd Essebsi.

Cette démarche a abouti à la nomination du nouveau cabinet avec à sa tête Youssef Chahed, 41 ans.

Face aux difficultés financières, la Tunisie a signé en mai un nouveau plan d'aide de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans avec le Fonds monétaire international (FMI), et promis de mettre en oeuvre une série de réformes délicates.

Avec AFP