Obama n'a jamais ordonné la surveillance d'un citoyen américain, selon son porte-parole

Le président sortant des Etats-Unis, Barack Obama, à droite, salue le président élu Donald Trump lors de l’investiture de ce dernier au Capitol, à Washington, 20 juin 2017.

L'ancien président américain Barack Obama n'a jamais ordonné la mise sous surveillance d'un citoyen américain, a affirmé samedi son porte-parole, démentant les accusations du président Donald Trump selon lesquelles son prédécesseur l'avait fait mettre sur écoute avant l'élection.

"Le président Obama, ni aucun responsable de la Maison Blanche, n'ont jamais ordonné la surveillance d'un quelconque citoyen américain", a indiqué Kevin Lewis, porte-parole de M. Obama, dans un communiqué succinct.

Le président américain Donald Trump a accusé samedi son prédécesseur Barack Obama de l'avoir mis sur écoute avant l'élection présidentielle du 8 novembre, mais il n'a fourni aucun détail ni aucune preuve à l'appui de cette allégation.

"Exécrable! Je viens de découvrir que le président Obama avait mis mes lignes sur écoute dans la tour Trump juste avant ma victoire", a écrit M. Trump dans une salve très matinale de tweets, qualifiant l'ex-président démocrate de "personne malfaisante (ou malade)".

C'est l'attaque la plus violente menée contre son prédécesseur depuis sa prise de fonctions le 20 janvier. Sollicité par l'AFP, l'entourage de Barack Obama n'a pas réagi dans l'immédiat.

"C'est du maccarthysme", a lancé M. Trump, en référence à la traque des militants et sympathisants communistes aux Etats-Unis dans les années 1950. Donald Trump a également fait un parallèle avec le scandale du Watergate, l'affaire d'espionnage politique qui avait abouti en 1974 à la démission du président républicain Richard Nixon.

"Je suis sûr qu'un bon avocat pourrait faire une excellente affaire du fait que le président Obama a mis mes téléphones sur écoute en octobre, juste avant l'élection!", a relevé Donald Trump qui passait le week-end dans sa propriété de Mar-a-Lago en Floride.

- relations très tendues -

"Un président ne peut pas ordonner des écoutes", a réagi sur Twitter Ben Rhodes, un ancien proche conseiller de Barack Obama. En principe, seul un tribunal est habilité à prendre ce type de décisions.

Jusqu'à l'élection de novembre, Barack Obama et Donald Trump entretenaient des relations très tendues. Pendant plusieurs années, le milliardaire avait été le fer de lance des "birthers", affirmant avec des relents de racisme que Barack Obama était né au Kenya --pays de son père-- et non à Hawaï et que, par conséquent, il ne pouvait pas présider les Etats-Unis. Il s'était finalement rangé à la raison en septembre 2016, en déclarant sans fioritures: "Le président Barack Obama est né aux Etats-Unis, point final".

Barack Obama, de son côté, avait lancé de très violentes attaques contre le candidat républicain lors de la campagne électorale. Puis les deux hommes s'étaient entretenus à la Maison Blanche deux jours après la victoire de Donald Trump et avaient joué l'apaisement. "Monsieur le président, c'était un grand honneur d'être avec vous", avait déclaré le républicain sur un ton très posé, presque intimidé.

- Collusion? -

Ces attaques contre Barack Obama s'inscrivent dans un contexte politique difficile pour le président américain. Six semaines après son entrée à la Maison Blanche, il est englué dans des accusations de collusion entre son entourage et des responsables russes pendant la campagne et pendant la période de transition.

La presse a révélé cette semaine que l'ambassadeur russe aux Etats-Unis, Sergueï Kisliak, avait rencontré avant et après l'élection plusieurs conseillers ou proches de M. Trump.

L'un des participants à ces rencontres, le ministre de la Justice Jeff Sessions, a été placé sur la défensive. Fidèle de la première heure du candidat républicain, il avait discuté avec M. Kisliak alors qu'il n'était encore que sénateur d'Alabama (sud) au mois de juillet. Il l'avait revu dans son bureau, au Congrès, en septembre, alors même que la Russie était déjà soupçonnée publiquement d'avoir piraté le parti démocrate pour nuire à la campagne de la démocrate Hillary Clinton.

Le ministre, qui a qualifié ces rencontres de normales mais a omis de les mentionner lors d'une audition sous serment devant les sénateurs, a annoncé jeudi qu'il se récusait dans toutes les enquêtes potentielles portant sur la campagne électorale et donc sur les éventuelles ingérences russes. Ce sera donc un de ses adjoints qui supervisera ces investigations.

Un autre proche de Donald Trump, Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale, a été contraint de démissionner le 13 février, lui aussi à cause de contacts avec l'ambassadeur russe.

Sous l'administration Obama, les Etats-Unis avaient directement accusé le président russe Vladimir Poutine de vouloir influer sur le résultat de l'élection en faveur de Donald Trump. Et des sanctions avaient été prises contre Moscou en décembre.

Donald Trump a rejeté toute accusation d'entente avec la Russie. C'est une "chasse aux sorcières" menée par les démocrates, a-t-il accusé cette semaine.

Avec AFP