Amnesty épingle un groupe espagnol pour des violences dans un centre de migrants

Des hommes se rasent, se brossent les dents et se préparent pour la journée dans un camp de réfugiés sur l'île de Nauru, le 21 septembre 2001.

Amnesty International accuse le groupe espagnol de construction Ferrovial d'être complice des mauvais traitements infligés à des migrants dans des centres de rétention offshore gérés par l'Australie.

L'ONG de défense des droits de l'Homme avait déjà dénoncé en octobre des actes de "torture" dans un centre situé dans le micro-Etat insulaire de Nauru géré par la compagnie australienne Broadspectrum, appartenant à Ferrovial, et son sous-traitant Wilson Security.

Amnesty considère que ni Broadspectrum, ni Ferrovial qui a achevé de l'acquérir en juin 2016, n'ont pris de mesures suffisantes pour y respecter les droits de l'Homme.

L'ONG évoque "un régime quotidien d'humiliation, d'abandon, d'abus et d'attention déficiente de la santé physique et mentale", avec des tentatives d'automutilation et de suicide rapportés par des réfugiés.

"Leur souffrance est aggravée par le fait qu'ils sont prisonniers sur l'île: ils ne peuvent pas en partir, même une fois que le statut de réfugié leur est accordé", ajoute le rapport.

Amnesty joint le témoignage d'Amir (prénom modifié), un Iranien passé par le camp dont la femme a fait, dit-il, plusieurs tentatives de suicide après que leur fils a été blessé, à 5 ans, par le jet de pierre d'une gardienne.

L'Australie mène une politique très dure vis-à-vis des migrants, en repoussant systématiquement les bateaux tentant de gagner illégalement ses côtes, reléguant ceux qui y parviennent dans des camps à Nauru ou en Papouasie-Nouvelle Guinée.

Dans son rapport, réalisé à partir d'informations publiées par les différents protagonistes et des médias, Amnesty estime que le groupe, "malgré l'accumulation de données, soit a des doutes, soit est aveugle sur les abus à Nauru et sur l'île de Manus et au rôle qu'y jouent Broadspectrum et Ferrovial".

Ferrovial, Broadspectrum et le sous-traitant à Nauru Wilson Security ont annoncé ne pas vouloir prolonger le contrat du groupe avec le département de l'immigration australien, arrivant à échéance en octobre 2017.

Dans une lettre jointe au rapport, Broadspectrum se dit "en désaccord avec les multiples affirmations selon lesquelles nous avons provoqué, contribué à provoquer ou été complices de violations des droits de l'Homme".

Le groupe rappelle qu'il dispose d'un système pour "améliorer le bien-être des réfugiés", Amnesty le jugeant insuffisant.

Ferrovial affirme dans cette lettre que son rachat de Broadspectrum n'était pas "motivé par les bénéfices au détriment des droits de l'Homme" mais par la volonté de conquérir de nouveaux marchés.

Avec AFP