"Nous pensons bien qu’il pourra le signer. Mais pour le moment il n’en est pas question ", annoncé l’Abbé André Masinganda, deuxième Secrétaire adjoint de la CENCO au sortir d’un échange avec Samy Badibanga dont la nomination comme Premier ministre le 19 décembre dernier, à quelque minutes de la fin du mandat du président Joseph Kabila, avait été suivie d’émeutes.
Au moins 40 morts ont été enregistrés, selon le bilan du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'Homme en RDC (BCNUDH).
Les prélats ont indiqué à la fin de la rencontre avec M. Badibanga qu’il fallait bien échanger sur le contour du texte de l’accord mais que la question de la démission du Premier ministre n’a pas été abordée.
M. Badibanga, rejeté par son parti, l’Union pour la démocratie et le Progrès social d’Etienne Tshisekedi, a été nommé au terme du dialogue de septembre et octobre derniers boycotté par la majeure partie de l’opposition.
Avec un groupe d’opposants signataires du compromis politique issu de ce premier dialogue, il refuse de signer l’accord trouvé sous la médiation des évêques le 31 décembre dernier.
L’application de l'accord du 31 décembre dernier est confrontée à plusieurs obstacles car, selon le texte signé, la Primature doit revenir au Rassemblement, plate-forme réunie autour de Tshisekedi. Mais il faudrait au préalable que M. Badinganga accepte de démissionner pour qu’un autre Premier ministre soit nommé.
"Nous sommes confiants et nous espérons qu’il va se dégager", a cependant déclaré l’abbé Masinganda.
Selon lui, la question sera approfondie car "le premier ministre est resté très ouvert dans les échanges".
Les évêques poursuivent les contacts avec les différentes parties congolaises en vue de la mise en œuvre de l’accord.
Jeudi, ils avaient discuté avec le Front pour le respect de la Constitution (FRC) conduit par le mouvement pour la libération de Jean-Pierre Bemba qui conditionne sa signature de l’accord à l’obtention de la gestion du Conseil de contrôle de la transition.
L’accord attribue la gestion de cet organe à M. Tshisekedi. Le FRC dénonce un déséquilibre car le Rassemblement risque d’être juge et parti de la transition, selon lui.
L’accord vise à résoudre la crise née de la non-tenue des élections avant le délai constitutionnel du 19 décembre. Il permet au président Joseph Kabila de rester au pouvoir jusqu’en décembre 2017, nouvelle date des élections. M. Kabila n’a plus le droit de briguer un nouveau mandat pour en avoir déjà assumé plus de deux.
L'accord confie en revanche le gouvernement au Rassemblement et la contrôle de la transition à Etienne Tshsiekedi, leader de celui-ci.