La diplomatie du groupe de Vancouver se réunit sur la Corée du Nord

Le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Kang Kyung-wha (C), se rend à une réunion bilatérale avec la ministre des Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland, à Vancouver, le 15 janvier 2018.

Au moment où la Corée du Nord a amorcé une détente en engageant des discussions avec son voisin du Sud, les Etats-Unis et leurs alliés cherchaient mardi à Vancouver à durcir les sanctions contre Pyongyang, une réunion sans "légitimité" a vertement critiqué la Chine.

La rencontre des ministres des Affaires étrangères d'une vingtaine de pays du Commandement des Nations unies en Corée co-présidée par le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson et son homologue canadienne Chrystia Freeland, "n'a ni légitimité ni représentativité", a lancé mardi Lu Kang, porte-parole de la diplomatie chinoise.

Des discussions à Vancouver sur de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord tombent au plus mauvais moment, selon les deux grands absents, la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et des "pourparlers à Six" (avec également les deux Corées, les Etats-Unis et le Japon).

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait critiqué lundi "les Américains et leurs alliés" qui veulent "imposer leurs vues en se basant exclusivement sur le diktat et l'ultimatum" et sans "reconnaître la réalité d'un monde multipolaire".

Au téléphone mardi, le président chinois Xi Jinping a rappelé à son homologue américain Donald Trump que la situation sur la péninsule connaissait actuellement "des évolutions positives", en référence aux discussions amorcées il y a une semaine entre Séoul et Pyongyang.

"Toutes les parties doivent unir leurs efforts afin de faire perdurer l'actuelle détente, qui n'a pas été obtenue facilement, et créer les conditions nécessaires à la reprise des pourparlers de paix", a déclaré Xi Jinping, cité par l'agence Chine nouvelle.

A l'issue la semaine dernière du premier dialogue officiel intercoréen en plus de deux ans, il a été décidé l'envoi aux jeux d'hiver de Pyeongchang (9-25 février) d'une délégation d'athlètes nord-coréens mais aussi éventuellement d'artistes.

Cette détente à l'approche du grand rassemblement olympique est en contraste avec la fermeté dont font preuve les Etats-Unis qui proposent, selon Brian Hook, un directeur du département d'Etat, "une interdiction maritime" dans la mer du Japon afin de couper les approvisionnements de la Corée du Nord.

Si les ministres du groupe de Vancouver affichent leur "accord unanime pour une telle mesure (...) cela conduirait à augmenter les tensions dans la région", a estimé Elliott Tepper de l'université Carleton d'Ottawa.

Une position que la Chine et la Russie interpréteraient comme "un affront à leur souveraineté" et qui affaiblirait le consensus international sur les sanctions en place contre la Corée et décidées aux Nations-unies, a-t-il confié à l'AFP.

- Joute verbale -

La réunion de Vancouver semble donc vouée à resserrer les rangs derrière les Etats-Unis sans autres résultats concrets.

Les propos du ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson sonnent comme un aveu d'impuissance des diplomates présents à Vancouver.

Totalement d'accord avec Rex Tillerson cherchant à "bâtir un consensus international" face au régime de Pyongyang, Boris Johnson a convenu, dans un entretien au Guardian "qu'à la fin, les personnes qui peuvent réellement régler le problème (nord-coréen) sont les Chinois".

A distance, en dépit de la détente affichée, la Corée du Nord a poursuivi mardi sa joute verbale avec Donald Trump qui s'était vanté d'avoir un bouton nucléaire "beaucoup plus gros" que celui de Kim Jong-Un.

Par le biais du journal du parti unique, Rodong Sinmun, le régime de Kim Jong-Un a qualifié ces propos de "spasme d'un dément" effrayé par la puissance de la Corée du Nord et de "l'aboiement d'un chien enragé".

Après la multiplication l'an dernier des tirs de missiles balistiques par la Corée du Nord, la tension est palpable dans la région. Quatre jours après la fausse alerte diffusée à Hawaï, c'est la chaîne publique de télévision japonaise NHK qui a mardi par erreur publié sur son site internet une alerte annonçant que Pyongyang venait de lancer un missile et recommandait à la population de se mettre à l'abri.

Avec AFP